RAVEC : comment sortir de l’impasse ?
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RAVEC : comment sortir de l’impasse ?

Le Recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC) entrave l’obtention de documents civils et complique la gestion des élections. Il est impératif de trouver une solution à long terme.

Au Mali, le gouvernement a annoncé le report des élections initialement prévues en février 2024, « pour des raisons techniques ». La justification avancée par les autorités de transition est liée au blocage de l’accès à la base de données du Recensement administratif à vocation d’état civil (RAVEC) par la société française Idemia, responsable des services. Cette situation a ravivé les inquiétudes liées aux problèmes persistants liés au RAVEC depuis son introduction en 2009.

L’enrôlement pour obtenir la carte d’identité nationale (NINA) au Mali s’avère être une épreuve difficile. Des files d’attente interminables devant la mairie centrale sont nécessaires pour obtenir la précieuse fiche individuelle, indispensable pour l’obtention du passeport ou pour participer à divers concours. La diaspora est particulièrement touchée par ces difficultés. Des pratiques de racket et de corruption sont monnaie courante, et le nombre limité de personnes pouvant être enrôlées chaque jour crée une pression constante sur la Direction nationale de traitement des fichiers biométriques NINA, à Korofina.

Un nouveau recensement

La plateforme de télé-demande de la fiche descriptive individuelle www.ctdec.ml ne fonctionne plus. Les mêmes erreurs présentes sur la carte NINA se répètent sur la nouvelle carte biométrique, censée remplacer l’ensemble des cartes précédentes. Il devient ainsi compliqué de se fier à ces nouvelles cartes.

À l’approche des élections, les mêmes problèmes persistent sur le fichier électoral. L’enrôlement des nouveaux majeurs est laborieux, la mise à jour des informations pour les personnes ayant changé de lieu de vote est difficile, et la suppression des personnes décédées pose également des difficultés.

Dans un entretien sur la chaine Renouveau TV, Ibrahim Sangho, chef de mission de la MODELE Mali, a mentionné la possibilité pour le Mali d’entreprendre un nouveau recensement en dotant toutes les mairies du Mali de dispositifs afin que l’enrôlement et les remplacements de cartes soit disponibles à tout moment et en tous lieux pour la population malienne.

Il insiste sur la nécessité de rendre le fichier d’état civil accessible aux citoyens en dehors des périodes électorales, soulignant son importance pour l’ensemble de la population. Pour les élections présidentielles, il suggère l’utilisation de cartes d’électeurs, similairement au référendum passé. L’accent est mis sur l’impératif d’avoir un fichier d’état civil fiable au Mali.

Moderniser et décentraliser

Dans le contexte actuel marqué par une recherche accrue de souveraineté, la priorité est accordée à la disponibilité et à la sécurité du fichier d’état civil. Fousseini Diop, membre l’Association des jeunes pour la citoyenneté active et le développement (AJCAD) recommande vivement la fabrication locale des prochaines cartes biométriques. Il insiste sur le fait qu’« il est inacceptable que le Mali ne soit pas en mesure d’imprimer ses propres cartes pour sa population ».

Haut du formulaire

Il est crucial de revoir l’ensemble du système du RAVEC en modernisant et décentralisant le Centre de traitement des données de l’état civil (CTDEC) au niveau des communes les plus reculées. Il faudrait également intensifier la sensibilisation. Cela impliquerait également d’aller dans les universités, les marchés et d’autres lieux densément peuplés pour enrôler les citoyens de manière plus exhaustive.

En conclusion, une refonte complète du RAVEC au Mali est essentielle. En optant pour un système décentralisé, des équipements de recensement accessibles partout, des cartes biométriques locales, et en renforçant la sensibilisation, nous pouvons surmonter les obstacles persistants.

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