Le Mali est une terre d’accueil pour de nombreux migrants subsahariens. L’hospitalité y règne malgré la crise multiforme.
Ils arrivent souvent en catastrophe dans leur pays d’accueil. Ces étrangers, tous âges confondus, font tout pour réussir au Mali. Avec familles et bagages, ils débarquent dans un milieu qui leur est inconnu à la recherche d’une vie meilleure.
On les rencontre partout à travers la ville de Bamako, dans le voisinage comme dans les sites d’activités informelles. Certains sont dans la maçonnerie, d’autres pratiquent la couture ou sont des animateurs dans les boîtes de nuit, communément appelés disc jokey ou « DJ ». Ce n’est pas tout. Ils évoluent également dans le secteur de la restauration, la gestion de salons de coiffure voire comme professionnelles du sexe. Pour beaucoup, la terre d’accueil est un havre de paix où il fait bon vivre.
Vivre « en rotation »
Jean, 30 ans, est ivoirien vivant à Bamako depuis 2008. A son arrivée, il logeait chez un oncle paternel. Des années plus tard, il se retrouve dans la rue, « en rotation » entre ses amis. «Mes amis ne pouvaient pas me garantir un hébergement. Je vivais en rotation», raconte-t-il. Aujourd’hui, il arrive à se prendre en charge grâce à son métier de couturier. Jean est également le pilier de sa famille restée au pays.
L’histoire de Jean est similaire à celle de ce jeune ghanéen, qui se fait appeler « Warrior » par les siens. Venu au Mali avec un plan fixe et un peu d’argent pour le réaliser, Warrior a débarqué avec sa femme et son premier garçon. Le jeune homme tient un salon de coiffure à Kalabancoro, en périphérie de la capitale malienne, Bamako.
Son épouse attire de nombreuses clientes grâce à sa maitrise des techniques de tresse. Le couple s’épanouit et s’intègre à la communauté locale. Warrior a entamé la construction de sa parcelle à usage d’habitation. Comme Warrior, Lassine Fall, un couturier d’origine sénégalaise, ne vit plus en location depuis 3 ans déjà. Il s’est construit un toit avec les revenus de son activité.
Vivre-ensemble
Par ailleurs, ils sont nombreux à s’établir au Mali. Bien que la vie y soit difficile, ces expatriés parviennent à s’insérer dans le tissu économique local. D’autres tissent de liens de mariage avec leurs hôtes. C’est le cas de Clémentine, une togolaise, mariée à un malien et mère de deux enfants. Elle gère présentement un restaurant et emploie des maliennes et togolaises. Clémentine parle bien la langue véhiculaire, le bamanankan, au point qu’il est difficile de détecter l’accent togolais quand elle s’exprime.
Nos interlocuteurs ont tous en commun la bienveillance envers leurs proches qui sont restés au pays de provenance. Ils contribuent aux charges financières de leurs familles respectives.
Enfin, une note d’appréciation à ne pas négliger, celle qui loue l’esprit du vivre-ensemble malien. Comme quoi le Mali d’hier et d’aujourd’hui sait toujours dire « oui » à l’autre. Tâchons de rester Maliens !