Dans le Centre du Mali, les populations travaillent de moins en moins la terre à cause du conflit. La plupart des habitants, notamment les femmes, préfèrent fuir. A Koulikoro, des filles ayant fui le conflit s’adonnent à l’extraction du sable.
La recherche de meilleures conditions d’existences pousse ces jeunes filles à parcourir des kilomètres à la recherche d’emploi. Point de chute : Koulikoro, la 2e région administrative du Mali. Cette situation provoque une crise alimentaire combinée à une paupérisation progressive des populations, particulièrement des jeunes filles, forces essentielles aux travaux champêtres de la falaise.
Chata et son mari ont fui le Centre, précisément le plateau dogon, lorsque des familles entières ont été tuées. Craignant d’être les prochaines victimes, avec deux enfants et son mari, elle a parcouru des kilomètres à pied avant de trouver un moyen de transport pour rallier Koulikoro. « Je suis arrivée à Koulikoro presque sans la moindre ressource avec mes enfants et mon mari sans qualification professionnelle, confie-t-elle. Ce dernier a finalement rejoint une mine dans la région de Kayes. Je me débrouille maintenant avec mes enfants. Pour le moment, mon époux ne nous envoie pas d’argent, car il n’a pas commencé à travailler ».
Mutation professionnelle
Le désir de ces jeunes filles de participer à une restructuration de l’économie solidaire villageoise motive leurs déplacements vers des cieux plus favorables. Elles empruntent un long trajet. C’est pourquoi elles cumulent de petits boulots leur permettant de supporter l’itinéraire.
A leur arrivée dans la capitale du Meguetan, Koulikoro, ces filles, réputées être d’excellentes aide-ménagères, se tournent finalement vers l’extraction de sable et de gravier du fait du manque d’embauche dans les ménages. Ces types de travaux étaient jusque-là l’apanage des jeunes gens errant dans les grands centres urbains. L’extraction de sable ne requiert aucune connaissance technique préalable : il suffit juste d’être physiquement tenace et savoir nager.
Conditions pénibles
Tous les jours, très tôt, elles se précipitent pour aller au bord du fleuve dans l’espoir de pouvoir bénéficier d’un recrutement journalier auprès des patrons des lieux (détenteurs des pirogues qui transportent les sables et les graviers). Ainsi, une journée de travail dure entre treize à quatorze heures. C’est une activité pénible obligeant de se maintenir sous l’eau pendant un intervalle oscillant entre cinq à six minute pour pouvoir remplir le récipient de sable ou de gravier.
J’étais peiné de voir des enfants assis à même le sol et en plein air pleurant leurs mères montées sur les pirogues pour de longues heures à dépenser des énergies physiques considérables.
Une des filles que j’ai pu approcher m’a confié : « Nous ne bénéficions d’aucun programme d’aide destiné à l’autonomisation économique des femmes. Nous ne sommes pas aussi concernées par les séances d’apprentissage informel qu’offrent les services spécialisés déconcentrés de l’État et par les ONG humanitaires évoluant en cette région. Nous n’avons jamais été recensées par ces institutions ».