Le Mali est un pays agro-pastoral par excellence. Dans beaucoup de localités, les éleveurs et les agriculteurs ne cessent de se disputer. Tel est le cas du village de Sanando, dans le cercle de Barouéli, région de Ségou. Dans ce village, pendant la saison sèche les animaux sont laissés en liberté, plus ou moins surveillés, et posent problème aux maraîchers. Un véritable problème économique dans cet arrondissement, écrit le blogueur Fousseni Togola.
L’une des activités favorites dans la plupart des zones rurales du Mali est l’agriculture pendant la saison pluvieuse et le maraîchage durant la saison sèche. Cette activité est menée majoritairement par les femmes et quelques hommes. Mais, dans ces zones, si pendant l’hivernage les animaux sont mis sous surveillance afin de les empêcher de détruire les cultures agricoles, ils sont laissés à eux-mêmes après les récoltes et deviennent ainsi une menace pour les maraîchers.
Un travail lassant réduit à néant
À Sanando, village dans la région de Ségou, j’ai pu comprendre qu’il s’agissait d’un véritable problème. Dans cet arrondissement où j’ai passé deux jours, les femmes s’affairent au maraîchage afin de subvenir à certains de leurs besoins de première nécessité. Dans leur jardin maraîcher, sont cultivés de la salade, des oignons, de la papaye, des feuilles de patates, du piment, des arbres fruitiers, etc.
En plus de l’entretien des plantes, à commencer par l’arrosage, il faut veiller à ce que des animaux ne les détruisent pas. « Grâce à ce jardin, j’arrive à faire face à beaucoup de mes dépenses, confie Adjaratou, maraîchère. Mais, je n’ai aucune envie de poursuivre ce travail lassant à cause des animaux errants qui réduisent à néant mes travaux de plusieurs jours. » Elle m’a montré trois planches de feuilles de patates douces détruites par des bêtes.
Lance-pierre
Mais elle est loin d’être la seule. Mamoutou Coulibaly possède également son propre jardin maraîcher derrière le village et est confronté au même problème, même s’il a interpellé à plusieurs reprises les propriétaires d’animaux. « J’ai suivi à plusieurs reprises des animaux chez leur propriétaire afin de les inviter à trouver des moyens de les canaliser. Mais ils n’ont pas réagi. J’en ai même invité jusque dans mon jardin pour leur montrer les dégâts commis par leurs bêtes, mais jusque-là, aucune réaction », regrette-t-il.
Quant à Bakari, lui, il entretient des arbres fruitiers dans la cour de sa maison exposée en plein air. Il s’est muni d’un lance-pierre : « Je me suis muni d’un lance-pierre afin d’empêcher les animaux de détruire mes arbres. Si je m’absente, c’est à ma femme ou à mes enfants de veiller sur les arbres contre ces bêtes. »
Les autorités doivent agir
A la question de savoir pourquoi ils ne convoquent pas les propriétaires de ces animaux errants chez les autorités, notamment chez le chef de village, le maire ou le sous-préfet, ils m’ont fait comprendre qu’ils sont tous du même père et de la même mère. Tout le village se connait. Par conséquent, « tout ce que nous nous demandons, c’est d’inviter nos frères à trouver des moyens pour canaliser leurs animaux afin d’entretenir le bon vivre-ensemble », explique Mamoutou.
Il faut relever que ce problème s’étend à plusieurs villages du Mali, mais aussi à quelques quartiers périphériques de Bamako, comme Kabala (sud-est) dans la commune de Kabalancoro où les femmes se disputent à longueur de journée avec les éleveurs.
Ce phénomène est un danger pour l’économie locale dans la mesure où ces hommes et femmes, par leur activité, participent à la gestion économique de leur famille voire de leur village ou communauté. La question de la gestion des animaux au Mali durant la saison sèche mérite d’être prise en compte par les autorités pour que le vivre-ensemble ne soit pas compromis davantage dans nos communautés.