Face aux multiples défis sécuritaires, les Assises nationales de la refondation ont recommandé la création d’un observatoire de la défense et de la sécurité. Il aura pour mission de prévenir les crises futures auxquelles le Mali pourrait faire face.
Depuis 2012, le Mali traverse une crise sécuritaire sans précédent. Les violences qui endeuillent le pays sont liées principalement à l’activisme des groupes terroristes et d’autodéfense. De plus, de nombreux villages sont assiégés ou sous embargo des groupes terroristes.
La dégradation de la situation politico-sécuritaire, exacerbée par une crise socio-économique sous l’effet de la crise sanitaire liée à la Covid-19, a entrainé un coup d’état le 18 aout 2020. Afin de donner un nouveau départ au pays, les Assises nationales de la refondation (ANR) sont organisées : l’une des nombreuses recommandations est la création d’un observatoire de la défense et de la sécurité.
Analyser tout type de risque
Oumar M.C Koné est le chef de la Mission d’appui à la refondation de l’État (MARE), l’organe chargé de l’application des recommandations. Pour lui, un observatoire de la défense et de la sécurité a pour but « d’analyser tous types de risques (terrorisme, déplacement massif de populations) pouvant engendrer un conflit et élaborer des stratégies de défense et de sécurité ». Par ailleurs, il permettra de développer des stratégies pour prévenir et faire face à une guerre conventionnelle ou asymétrique et collecter des renseignements de tous ordres, y compris ceux satellitaires à travers les partenaires.
« L’observatoire est une nécessité pour un pays. Il est essentiel en matière d’alerte et de propositions de solutions », assure le général Minkoro Kané, président de la commission défense, sécurité et protection civil du Conseil national de transition (CNT). Les guerres que nous gagnons sont celles que nous avons pu éviter. » C’est dans ce sens, soutient-il, que cet observatoire fera la veille stratégique et adressera certains problèmes comme ceux liés aux tracés des frontières litigieuses, sources de conflit. « Il y a eu un conflit Mali-Burkina Faso en 1985, lié à la bande d’Agacher. Et bien d’autres frontières litigieuses qui peuvent être sources de conflits aujourd’hui », rappelle-il.
En outre, pour le général Minkoro Kané, un tel organe pourra prévenir les situations pouvant entraîner des troubles socio-politiques. A titre d’exemple, il rappelle le « tripatouillage » des résultats des législatives validés par la Cour constitutionnel sous Ibrahim Boubacar Keïta et qui avaient donné lieu à des émeutes à Bamako et dans d’autres capitales régionales « Les risques d’une telle situation devaient être traités et soumis à qui de droit pour éviter la crise qui s’en est suivie », déplore-il.
Outil très stratégique
L’observatoire permettra aussi d’assurer la veille sur les menaces extérieures : « Recueillir les données sur les ressources naturelles pour le développement du pays, analyser et proposer des solutions sur les impacts des guerres à l’étranger (Russie-Ukraine par exemple) sur le Mali, la crise énergétique, la fluctuation des monnaies forte sur notre économie », détaille général Kané.
Pour Oumar M. C Koné, cet organe se penchera sur les traités bilatéraux, multilatéraux et militaires signés et qui seront signés à l’avenir pour en tirer de meilleurs résultats pour le Mali.
Cet outil très stratégique pour la politique nationale, selon Oumar M. C Koné, sera rattaché soit au Conseil national de défense ou au ministère de la Défense et des Anciens combattants. Il sera composé de militaires, gendarmes, policiers, spécialistes des relations internationales et géopolitique, économistes, spécialiste du droit et autres personnes ressources.