Au Mali, les politiques agricoles accompagnées par une utilisation massive des pesticides doivent intégrer le volet récupération des déchets issus de ces produits. Car les conséquences à long terme sont désastreuses pour l’homme et l’environnement.
Pour booster le secteur agricole et assurer la sécurité alimentaire les différents États développent de grands programmes agricoles. L’atteinte de ces objectifs passe souvent par une utilisation massive des pesticides pour lutter contre les ravageurs comme les insectes et les mauvaises herbes dans les cultures. Cette utilisation accrue génère d’importants déchets qu’il faut savoir traiter au risque de s’exposer à des conséquences désastreuses, aussi bien sur le plan sanitaire qu’environnemental.
Pratiques dangereuses
Par exemple, dans le monde paysan, il n’est pas rare de voir la population réutiliser les récipients qui ont contenu des pesticides. Qui pour y garder du miel, qui de l’huile, du beurre de karité ou simplement de l’eau destinée à l’alimentation. Ces bidons de quatre litres ou de vingt litres sont devenus indispensables dans leur quotidien.
Or, les spécialistes expliquent que les produits phytosanitaires sont, pour la plupart, toxiques pour l’homme, surtout en cas d’absorption. Ils peuvent causer de graves troubles neurologiques ou hormonaux. On soupçonne même certains d’être cancérigènes. La population rurale, en grande majorité analphabète,n’est pas sensibilisée aux risques liés à la réutilisation de ces récipients. « Dans les zones de culture de coton, ils connaissent de nouvelles maladies, mais ils ne font pas le lien avec les pesticides.Ils préfèrent parler de sorcellerie ou de maraboutage », explique Dr. Mamadou Camara, expert en prévention et gestion des pesticides.
Mettre en place un système de récupération
Le Mali, pays agricole par excellence avec une superficie de 2,6 millions d’hectares cultivés chaque année, est signataire de plusieurs traités internationaux qui protègent la santé et l’environnement contre les substances chimiques, comme la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP). Mais, il ne dispose pas d’un système de récupération et de destruction des déchets de pesticides. Il existe une chaîne d’approvisionnement, mais rien n’est fait pour la récupération des récipients contaminés.Trois ans avant la fin de sa mission en 2012, la Cellule malienne du Programme africain relatif aux stocks des pesticides obsolètes (PASP-Mali) a effectué des analyses à Anefis (Kidal). Les résultats ont montré que la chaîne alimentaire était contaminée par de la diatrine, un produit chimique très dangereux pour la santé et l’environnement.
Aujourd’hui, il est nécessaire de mettre en place une politique de récupération et de destruction des déchets. Selon M. Camara, la création, en 2014, d’une simple chaîne de récupération des récipients contaminés par les pesticides avait permis de récupérer « jusqu’à 98% des récipients dans certaines zones du pays.»
La clôture, fin janvier 2020, du Projet d’élimination et de prévention des pesticides obsolètes du Mali (PEPPO) a mis fin à cette chaîne. Actuellement, c’est à l’utilisateur final de s’occuper lui-même de l’élimination des déchets de pesticides et de leurs récipients contaminés. Il urge de trouver une solution. Il y va de la santé publique et de la préservation de l’environnement.
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