Si le jeune Mamoudou Gassama est devenu le héros dont tous les Maliens sont fiers, c’est parce qu’un autre ancien héros n’a pas tenu ses promesses, écrit le blogueur Mohamed Coulibaly.
« Je n’ai rien à dire, merci beaucoup, merci, merci », dit Mamoudou Gassama, ce lundi 4 juin, à la suite de la réception de la médaille Grand Vermeil de la ville de Paris. Quelle modestie de la part de ce jeune, qui, quelques jours auparavant, avait réussi la prouesse d’escalader à la force de ses bras, la façade d’un immeuble afin de porter secours à un enfant dont la chute du quatrième étage était imminente.
Cet acte de bravoure le propulsa en quelques heures, de zéro à héros. De zéro, parce qu’il vient de loin. D’abord du Mali, là où, à l’image de dizaines de milliers d’autres jeunes de son âge, désespérés de plus en plus par un système qui n’offre aucune perspective, se portent candidats aux suicides en se jetant sur la route de l’émigration. Ensuite, passés par le Burkina Faso, le Niger puis la galère libyenne, se retrouvent en Espagne et enfin comme sans papiers en France.
Le temps d’un week-end, nous avons entendu grâce à la bravoure de ce jeune, les mots Mali et Malien rimer avec des qualificatifs autres que guerre, attaque terroriste, crise communautaire, mauvaise gouvernance, manifestation… Tous les Maliens, où qu’ils se trouvent, ont ressenti leurs cœurs vibrer pour paraphraser l’hymne national du Mali.
L’autre héros
Si nous sommes autant réduits à faire nôtre le courage du self made man Mamoudou, pour savourer cette fierté malienne, c’est parce qu’un autre héros nous a déçus. En 2013, il était devenu un héro, en escaladant non pas la façade d’un immeuble mais, plutôt la plus prestigieuse des collines du Mali, la « colline du pouvoir », pour venir en aide à un bateau qui tanguait au point de se renverser. Un bateau qui aujourd’hui, ne tangue plus, mais pire, coule.
En le plébiscitant avec plus de 77% des suffrages, les Maliens en 2013 étaient convaincus que leur salut viendrait de ce « Messie » qui par le passé, avait su tenir tête à des étudiants et des religieux intraitables. De mémoire de Maliens, on n’avait jamais vu un aussi grand engouement pour des élections présidentielles.
Promesses non tenues
À l’heure du bilan, le Héros d’hier est devenu un Zéro. Sa promesse de restaurer la sécurité, qui lui avait valu le soutien de la majorité des Maliens, s’est avéré être le noeud gordien dont il n’est jamais parvenu à dénouer. La crise au Nord, bien qu’un accord de paix ait été signé, s’enlise. Un nouveau foyer de conflit intercommunautaire est né au centre. Les 200 000 emplois promis aux jeunes se sont avérés être un mythe. Les religieux qui l’avaient soutenu, n’ont cessés de le désavouer …
A mon avis, la naissance du nouveau héro, « Spiderman Mamoudou », est très liée à la chute de celui que nous avons installé à Koulouba. Car si ce dernier avait réussi à créer les conditions afin d’offrir des opportunités à la jeunesse malienne, Mamoudou Gassama n’aurait pas tenté cette aventure de migration au péril de sa vie.
Toutes mes félicitations a Mr GASSAMA.
Je te souhaite une bonne carrière en France