Le cyberharcèlement, un phénomène maltraitant
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Le cyberharcèlement, un phénomène maltraitant

Le cyberharcèlement, phénomène sous-étudié au Mali, a des conséquences graves sur la santé mentale des victimes.

Selon une étude menée en 2019 par la plateforme U-Report auprès de plus de 5 000 personnes, 37 % des répondants ont affirmé avoir été victimes de cyberharcèlement via les réseaux sociaux. Le harcèlement en ligne se manifeste sous différentes formes : insultes, menaces, harcèlement sexuel, et bien d’autres encore. Ces attaques sont souvent motivées par des divergences politiques, religieuses, culturelles ou d’autres enjeux sociaux. « Le plus souvent, le harcèlement prend la forme d’insultes ou de moqueries apparemment amicales. Cela peut venir de n’importe qui et toucher n’importe qui. Malheureusement, ce sont souvent les jeunes filles qui en sont les principales victimes », explique Oumar Maïga, utilisateur de réseaux sociaux.

Pour M. Maïga, avec l’essor des plateformes en ligne et des moyens de communication électroniques, ce phénomène prend des proportions inquiétantes dans nos sociétés. « C’est une triste réalité : nous ne prenons pas toujours conscience de l’influence insidieuse de ce phénomène sur nos comportements et de l’impact profond qu’il peut avoir sur certaines personnes, sans distinction de genre », ajoute-t-il.

« J’avais peur d’ouvrir mon Messenger »

Idriss, victime de harcèlement en ligne, raconte : « J’ai souffert pendant des mois sur Facebook, juste à cause d’une publication. Je ne visais personne, mais les commentaires négatifs ont déferlé à cause de mon point de vue. » Très vite, les attaques se sont multipliées dans sa messagerie privée. « J’avais peur d’ouvrir mon Messenger. C’était une véritable angoisse », se souvient-il.

De son côté, Mariam, une utilisatrice très active de Facebook, témoigne des violences qu’elle subit quotidiennement. À chaque publication de photo ou de vidéo, elle reçoit des messages de personnes cherchant à la contacter, même lorsqu’elle ne répond pas. « Cela m’a coûté cher, y compris en dehors du réseau social », confie-t-elle.

Elle poursuit : « Certains ont commencé à raconter que je sortais avec des hommes avec qui je n’avais aucune relation, sauf virtuelle. D’autres n’ont cessé de m’envoyer des ‘salut chérie’, sans réponse. Ils ont même utilisé mes images pour nuire à ma réputation. »

Mariam a été profondément affectée par cette violence, surtout au moment où des photos d’elle ont été exposées sans son consentement. « J’étais auprès d’un parent très malade à ce moment-là. Désemparée, j’ai dû engager des démarches judiciaires pour retrouver le responsable. À ma grande surprise, c’était un ami, toujours présent dans ma messagerie, qui se cachait derrière tout cela », raconte-t-elle, visiblement marquée par cette expérience.

Faire des études approfondies

D’après les données de la plateforme U-Report, 58 % des cas de harcèlement en ligne se produisent dans les discussions privées sur les réseaux sociaux, ce qui souligne la vulnérabilité des victimes. Ces chiffres révèlent l’ampleur du phénomène et son impact dévastateur.

Psychologue, Aboubacar Traoré  souligne que les victimes souffrent souvent de troubles psychologiques comme l’anxiété et la dépression. « Nous sous-estimons parfois la gravité du harcèlement en ligne, mais c’est l’une des formes de violence les plus destructrices. Cela peut mener à des pensées suicidaires. Les séquelles sont difficiles à repérer, car elles sont principalement mentales et non physiques. J’ai personnellement accompagné plusieurs victimes de ce type de violence », explique-t-il.

Au Mali, les données sur l’impact du harcèlement en ligne restent rares. Toutefois, certains cas sont régulièrement rapportés sur les réseaux sociaux. Hawoye Sangaré, étudiante, témoigne : « J’étais très active sur les réseaux sociaux, mais après avoir été victime de moqueries, j’ai dû fermer mon compte. J’étais constamment stressée et triste. »

Le harcèlement en ligne est un fléau grandissant qui affecte profondément les victimes, tant sur le plan psychologique que social. Il serait judicieux de faire des études approfondies pour comprendre l’ampleur du phénomène et prendre des mesures appropriées pour protéger les victimes.

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