AES : non aux discours de haine !
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AES : non aux discours de haine !

Les discours de haine pullulent chez certains défenseurs de l’Alliance des États du Sahel (AES), qui ont tendance à considérer leurs héros comme des anges et leurs adversaires comme des démons.

A côté des problèmes sociaux, comme la pénurie d’électricité qui fait grincer des dents au Mali, les pays de l’AES sont assiégés par une multitude de conflits politiques. Il y a d’abord une lutte sournoise entre les militaires au pouvoir, qui veulent prolonger la durée de la transition à l’infini, et les acteurs politiques « traditionnels », qui sont pressés d’organiser des élections pour avoir la chance de reprendre les rênes du pouvoir.

Et puis il y a les conflits entre les pays. Le président Ibrahim Traoré au Burkina Faso accuse son homologue ivoirien Alassane Ouattara d’abriter ses opposants ; tandis qu’entre le Niger et le Bénin, le torchon brûle sur fond de fermeture de frontières et de blocage du pétrole nigérien par le Bénin.

Toutes ces tensions cristallisent des discours de haine. Il y a d’abord le terme « valets locaux », utilisé à tort et à travers par certains dirigeants de l’AES pour désigner leurs opposants. Les militaires au pouvoir seraient des patriotes révolutionnaires, tandis que ceux qui ne sont pas d’accord avec eux seraient des « esclaves » qui travaillent pour les impérialistes qu’ils aideraient à miner le pays de l’intérieur.

Les « résistants » et les « à-plat-ventristes »

Certains défenseurs de l’AES sont très forts à coller des noms d’oiseau à leurs adversaires. Je pense notamment à un certain Chris Yapi, un internaute très influent (269 000 abonnés sur X) qui a sorti une vidéo le 11 mai divisant les dirigeants de la région entre les « résistants » et les « à-plat-ventristes ». Il classe Ibrahim Traoré, président de transition du Burkina Faso, dans la première catégorie. Dans la deuxième catégorie, on trouve notamment le président déchu du Niger Mohamed Bazoum, « le traitre atavique de l’Afrique », et Alassane Ouattara, qualifié lui d’être « l’esclave ontologique de la France », « un serpent », « un parrain de groupes criminels ». Il y a donc une tendance, pour les défenseurs de l’AES, de considérer leurs héros comme des anges, alors que ceux qu’ils n’aiment pas sont régulièrement évoqués en termes dépréciateurs.

Mais personne ne gagne dans cet art de coller des noms d’oiseau à ses adversaires, et ça ne règle aucun problème. Si les uns sont accusés d’être des valets des occidentaux, d’autres sont aussi considérés comme des valets de la Russie ou de la Chine. Et alors ?

Il faut accepter que nous sommes tous des citoyens du mêmes pays, ou de pays voisins, et que nous sommes condamnés à vivre ensemble, qu’on le veuille ou pas. Il faut accepter que, sur le plan politique, nous ne serons jamais d’accord à cent pour cent. Et que ceux qui ne sont pas d’accord avec nous ne sont pas nécessairement des ennemis, mais des adversaires politiques avec lesquels il faut discuter, négocier si nécessaire, et toujours traiter avec respect.

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