Infirmière d’Etat, Mariam a été empêchée d’exercer son métier par son mari pour préserver, dit-il, l’honneur de la famille. Notre blogueur relate son récit.
Brillante élève à l’école, Mariam s’est orientée vers le cycle professionnel après son admission au diplôme d’études fondamentales (DEF). C’est le compromis que la jeune femme avait obtenu avec ses parents pour retarder son mariage et poursuivre ses études. Son diplôme d’infirmière d’État en poche, elle se marie à un riche antiquaire. À l’époque, les affaires de Sidibé marchaient comme de petits pains. Mariam avait tout ce dont elle avait besoin dans la maison. Son mari lui comblait de cadeaux, offrait de temps en temps de présents à sa famille.
La jeune femme, elle, ne voulait pas de cette vie de dépendance. Six mois après leur union, elle demande à effectuer un stage dans une structure sanitaire. Son mari lui suggère de patienter encore. Le temps de jouir de leur mariage. Cette attente durera six mois. Entre temps, la femme tombe enceinte. Le projet est rangé dans les oubliettes.
Après délivrance, Mariam relance son mari. C’est toujours la même ruse. Il demande à sa femme d’attendre que l’enfant grandisse un peu. Le mari continuait toujours de combler sa femme de cadeaux. Il ne voulait pas que sa femme travaille. Pour lui, cela ne fait pas honneur à son rang. Il ne veut surtout pas être objet de railleries de la part de ses semblables. Lui, qui tient tant à ses origines macinanké, il est impensable que sa femme fasse d’autres tâches que celles du ménage.
Reconversion
La famille s’agrandit au fil du temps. Les affaires du mari ne marchent plus comme auparavant. La crise sécuritaire est passée par là. Les touristes sont devenus rares tout comme les manifestations culturelles qui étaient ses principales sources de revenus. Désormais, les dépenses se limitent aux besoins fondamentaux de la famille.
Sidibé est obligé de se reconvertir face à la plombée du marché touristique local. Il se tourne dans le commerce de téléphones et d’accessoires. Il sillonne les zones d’orpaillage dans la région de Kayes, à l’ouest du pays pour pouvoir subvenir aux besoins de la famille.
Mariam, elle, est redevenue une néo-analphabète en sciences de santé. Elle a oublié les fondamentaux du métier d’infirmière. Pourtant, elle est sortie major de sa promotion. Elle aurait pu faire une belle carrière et contribuer au développement de son foyer. Mais à cause de la jalousie et de l’orgueil de son mari, elle a été privée d’une opportunité d’épanouissement.
C’est bien de scolariser les filles. Mais c’est encore mieux d’encourager leur employabilité. Il faut sensibiliser ceux qui continuent à croire que la place de la femme c’est dans le foyer. Ce temps est révolu. Les femmes et les hommes doivent avoir les mêmes opportunités et droits en matière d’emploi.
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J’ai vraiment aimé cet article car je dirais que J’ai à peu près le même problème mon mari m’a permis de continuer mes études je suis en terminale journalisme mais même avant d’être sur le marché de l’emploi je fais face à des harcèlement de la part de certains chose que je n’arrive pas à affronter.