Alors que le nombre de personnes testées positives au Covid-19 augmente chaque jour, la décision formelle de fermer les mosquées n’a pas encore été prise. Contrairement au Mali, le Sénégal, le Niger et la Côte d’Ivoire ont déjà décidé la fermeture.
Où en sont les discussions annoncées par le président Keïta avec les religieux sur les éventuelles mesures à adopter dans le cadre de la prévention du Covid-19 ? De nombreux Maliens se posent cette question après avoir constaté que les mosquées continuent de recevoir des fidèles pour les cinq prières quotidiennes.
Pourtant, le 17 mars dernier, dans son adresse à la nation, le président Keïta annonçait que des consultations seront engagées « incessamment » avec les chefs des différentes confessions religieuses. Effet d’annonce ou véritable volonté politique, le débat est relancé depuis que la barre des 200 personnes contaminées a été franchie.
Le très populaire imam Mahmoud Dicko a récemment esquivé la question de la fermeture des mosquées : « Des autorités habilitées et plus compétentes se prononceront sur la question », a-il répondu au cours d’un point de presse tenu le 26 mars 2020. Auparavant, la Conférence épiscopale du Mali avait instruit aux fidèles l’arrêt de tous les offices.
Avis divergents
Pourquoi la même mesure n’a-t-elle pas été adoptée par le Haut conseil islamique ? L’imam Alphadi Wangara, qui préside la prière à la mosquée Sidi Yehia de Tombouctou, estime que « la situation n’est pas si alarmante » et que « rien ne justifie la fermeture des mosquées ».
Certains musulmans pensent qu’il faut se conformer à la mesure, qui interdit les rassemblements au-delà de 50 personnes. « Au Niger, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et même à la Mecque, les fidèles ne peuvent plus se rassembler. Chez nous ici, la prière continue et tout le monde sait qu’il faut prier épaule contre épaule dans la mosquée. Si on veut vraiment éviter le pire, le mieux c’est de fermer les mosquées », avance un musulman, qui a requis l’anonymat.
Mais la simple évocation de la fermeture des mosquées apparait aux yeux de certains musulmans comme un « scandale », estimant que le niveau atteint par la maladie n’est pas suffisamment dangereux pour justifier la fermeture des lieux de culte. Un prêcheur, célèbre pour ses prises de position aux antipodes de celles du Haut conseil islamique, va jusqu’à appeler ses adeptes à la résistance au motif que « personne ni rien ne doit les forcer à renoncera à leur religion ».
Sauver leur crédit
L‘absence d’unanimité du côté des leaders religieux crée une discorde au sein de l’Umma islamique. A l’analyse des propos de certains leaders, on peut remarquer que bon nombre parmi eux sont plutôt intéressés par la sauvegarde de leur propre crédit. La santé des populations est reléguée au second plan. Pendant ce temps, le Covid-19 poursuit sa progression dans le pays.
Faut-il le rappeler, depuis la dernière semaine du mois de février, l’Arabie Saoudite a suspendu temporairement l’accès à son territoire aux pèlerins étrangers souhaitant accomplir la Omra.
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