Le seul moyen efficace contre la Covid-19 est la vaccination. Malgré tout, au Mali, les gens ne semblent pas preneurs et ne se bousculent point pour l’inoculation de la précieuse dose.
Cet article a été initialement publié sur le site Mali24.info.
Manque d’informations ou de sensibilisation ? En tout cas, près de trois mois après le début de la vaccination, la moitié des 396 000 doses reçues par le Mali n’a pas encore été inoculée. Ce qui laisse planer des doutes sur l’efficacité de la campagne de vaccination anti-Covid dans notre pays.
Selon la sous-direction de la lutte contre la maladie, section immunisation de la direction générale de la santé, les résultats cumulés provisoires de la campagne de vaccination contre la Covid-19 (1ère dose), à la date du 22 juin, s’élevaient à 131807 doses inoculées. Quant aux résultats cumulés provisoires de la campagne de vaccination contre la Covid-19 (2e dose), ils se chiffraient, à la même date, à 46129 doses injectées (*).
Manque d’informations et de sensibilisation
Selon Seydou Baba Traoré, directeur du Centre national d’information, d’éducation et de communication en santé (CNIECS), les fausses informations ont beaucoup impacté sur la campagne de vaccination dans notre pays. « L’impact est négatif en ce sens qu’il y a tellement de fake news sur AstraZeneca, explique-t-il. La vaccination devrait commencer par les médecins, mais il y a eu beaucoup de réticences. Les fausses informations ont développé le scepticisme chez les populations. »
Pour un membre du cabinet du département en charge de la Santé, Markatié Daou, la difficulté majeure sur le terrain est le manque d’informations et de sensibilisation. Dans une campagne de vaccination nationale, dit-il, les messages doivent être adaptés aux réalités locales lorsqu’elle se « décentralise ». « Il n’y a pas eu de communication adaptée au départ pour chaque région, avoue-t-il, c’est maintenant que cela se fait et il faut du temps pour que cette communication produise l’effet escompté. Sinon dans certaines localités comme Nioro, le message est passé et beaucoup de gens se sont mobilisés »
Dans le district sanitaire de Sikasso, le médecin chef de Nkourala, Dr Mamadou Coulibaly assure que la mobilisation ne sera pas un problème. Elle se fera sous la coordination du développement social. Parmi les acteurs sollicités, les relais communautaires, « qui sont des personnes de confiance, disponibles, écoutées et respectées dans la communauté ». Ces derniers sont partout (quartiers, villages). Dans chacun des 16 villages qu’il couvre, il y a deux relais (un homme et une femme).
Il y a aussi les agents de santé communautaires, les agents de santé, les ASACO (organes de gestion des CSCOM), les acteurs communautaires (chef de village, imam, pasteur). Un comité de pilotage est installé au niveau local, constitué du maire ou son représentant, de l’imam, du pasteur, des conseillers communautaires, d’un relais, d’un représentant du groupement féminin. Sa mission : en cas de refus, rencontrer la personne et le convaincre de se faire vacciner.
« Une question de confiance »
La campagne a commencé au niveau des 11 CSCOM de la ville de Sikasso. « La vaccination au niveau des villages va se faire progressivement, explique Dr Coulibaly. Dans les semaines à venir, les autres CSCOM recevront leurs lots de vaccins pour démarrer la campagne de masse au niveau local. Actuellement, tous les 43 CSCOM du district sanitaire de Sikasso ainsi que tous les autres districts sanitaires de la région sont dotés de ces frigos solaires sophistiqués grâce à un appui du Canada. Au départ la tranche d’âge était de 30 ans et plus. Mais il y a eu une note qui ramène la tranche d’âge à 20 ans et plus. Les personnes exclues sont les femmes enceintes, les femmes allaitantes, les personnes sensibles à un des éléments du vaccin, etc. ».
Aboubacar Cissé, patron de la communication à la Caisse nationale d’assurance maladie (CANAM), qui a reçu les deux doses, pense qu’il d’une question de confiance : « Je l’ai fait parce que c’est une politique nationale et je suis sûr que mon pays ne va jamais amener un vaccin qui ne serait pas bon pour sa population ». Étudiante dans une école de santé, A. Konaté n’est pas du même avis : « J’ai participé en tant que stagiaire à la campagne d’enregistrement. Les gens étaient très réticents à se faire vacciner pour plusieurs raisons. Je les comprends et moi-même je ne me suis pas fait vacciner. Je ne fais pas confiance au vaccin. »
En attendant, le ministère de la Santé et du Développement social et l’ensemble des acteurs doivent poursuivre les efforts pour une meilleure couverture du territoire.
(*) Ces résultats cumulés provisoires de la campagne de vaccination concernent : J1à J 76 pour les communes de Bamako et J22 district de Sagabari ; J20 district de Kayes ; J31 district de Kénièba ; J23 district de Kita ; J8 district Yélimané et J3 district Oussoubidiagnia, Dièma J1 (Kayes) ; J12 districts de Koulikoro ; J15 district de Kangaba ; J12 district de Kati et J28 district de Kalabancoro (Koulikoro) ; J35 district de Sikasso ; Kignan J16 ; J3 pour le district de Bla ; J14 district Markala ; J3 Barouéli ; J10 San10 ; district Ségou J29 ; J5 Tominian ; J4 district Niono et J12 district de Macina district de Gao ; J19 Ansongo ; J5 et Almoustrat J2 pour les premières doses.
Cet article est publié avec le soutien de JDH-Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada.