Pour ramener la paix et la cohésion sociale à Macina, et ailleurs dans les régions du centre du pays, il est urgent d’agir sur les causes structurelles des tensions opposant différentes catégories socioprofessionnelles en lien avec les systèmes de production.
A la mairie de Macina, mi-février, ont été menées des activités de sensibilisation en lien avec les tensions opposant des catégories socioprofessionnelles. Dans ce cercle, comme dans nombre de localités dans le centre du Mali, il y a souvent des tensions sociales, notamment entre éleveurs et agriculteurs. Les populations, dans l’optique de calmer la situation, organisent par moments des activités de sensibilisation.
Les journées du 15 au 18 février s’inscrivent justement dans ce cadre. Elles ont regroupé plusieurs participants, venus des onze communes du cercle de Macina. Ainsi, des émissions radiophoniques ont été organisées pour passer des messages de paix à l’endroit des populations.
Compétition autour des ressources
« Nous ne pouvons pas nous asseoir et laisser mourir notre bétail. C’est la raison pour laquelle nous migrons vers des zones où l’herbe et l’eau sont abondantes », témoigne cet éleveur. Il ajoute que ces migrations forcées sont parfois les causes de tensions avec les agriculteurs.
Mamadou Diarra qui, lui est agriculteur, explique à son tour que donner un espace à un berger est aujourd’hui risqué : « Si tu donnes un espace de pâturage à un berger pour lui seul, un jour il mettra ses animaux soit dans ton champ ou dans celui d’un autre ».
La compétition autour des ressources agropastorales, de plus en plus rares en raison notamment du changement climatique, y est pour beaucoup. Ensuite, il y a la croissance démographique. Plus la population augmente, plus l’aménagement des champs pour d’autres activités devient nécessaire. Par ricochet, cela contribue à la diminution des espaces pour le pâturage.
Aller au-delà des accords locaux
D’abord, les conflits entre ces catégories socioprofessionnelles ont des effets néfastes sur les productions. Ces conflits peuvent prendre une proportion plus inquiétante et mener à des attaques meurtrières, comme cela s’est déjà déroulé dans plusieurs zones de Ségou et Mopti. « Il est désormais important que l’État s’implique réellement dans ces tensions sociales », propose un participant.
La justice a aussi été pointée du doigt. « Que ce soit la justice coutumière ou étatique, qu’elle fasse preuve d’honnêteté lorsqu’elle tranche les différends entre catégories socioprofessionnelles », a proposé un agriculteur.
Le gouvernement doit aller au-delà des accords locaux, facilités par des ONG y compris dans la zone de Macina, pour restaurer la confiance entre ces catégories socioprofessionnelles. La légitimité doit être basée sur la capacité du gouvernement à protéger l’ensemble des communautés tout en préservant les libertés et en renforçant l’État de droit.
Plus que tout, il faut agir sur les causes structurelles des tensions sociales en lien avec les systèmes de production.