#EllesFontFace : à Bamako, les travailleuses du sexe tirent le diable par la queue
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#EllesFontFace : à Bamako, les travailleuses du sexe tirent le diable par la queue

À Bamako, la capitale du Mali, les travailleuses du sexe tentent de survivre. Elles tirent le diable par la queue depuis les premières heures de l’irruption de la Covid-19 dans le pays. 

La crise de la Covid-19 que nous vivons depuis des mois a fortement influencé l’économie mondiale. Partout, tout tourne au ralenti. Certaines entreprises ont mis la clé sous le paillasson, d’autres ont procédé au licenciement de leurs travailleurs.   

Comme tous les domaines, le plus vieux métier du monde est également touché de plein fouet par la pandémie. Les travailleuses du sexe, au Mali, ont du mal à joindre les deux bouts depuis que le gouvernement a pris des mesures restrictives dans le but de stopper la chaine de contamination. 

« Le couvre-feu a tout compliqué »

« C’était comme un pressentiment. Au moment où je quittais la douche afin de me préparer pour le travail, j’ai entendu au journal télévisé qu’un couvre-feu est instauré. », confie B. H. Elle garde comme une relique le souvenir de la date : le 27 mars 2020, aux environs de 20h. Ses clients, continue-t-elle, ne s’attendaient certainement pas à cela. « J’ai décidé quand même de sortir mais le constat était amer : une ambiance singulière dans les rues. Cette ville, qui d’ordinaire ne dort jamais avec les va-et-vient incessants des jeunes de mon âge s’était retrouvée subitement forcée au repos. », ajoute-t-elle.  

B.H n’était pas du tout préparée au chamboulement qu’allait provoquer les mesures annoncées par le président de la République dans son discours à la nation du 25 mars 2020. « J’étais vraiment sans mots. Le lendemain, je devais payer mon loyer et j’avais des engagements à honorer auprès d’autres personnes. », explique la jeune fille de 19 ans, travailleuse du sexe livrée à elle-même. 

D’autres filles, comme sa camarade S.T., avait décidé d’enfreindre la loi pendant le couvre-feu : « D’abord, j’ai appris la décision de l’État dans la rue. J’avais quelques propositions de rencontre que je ne pouvais pas rater. J’ai donc pris un appartement meublé pour gérer mes rendez-vous. » 

Les effets du couvre-feu demeurent

C’est vrai que le couvre-feu a été levé, mais ses effets continuent d’impacter toutes les franges de la société. Les travailleuses du sexe ont vécu une période difficile durant laquelle elles ont eu du mal à pouvoir générer de revenus . Certaines ont dû s’endetter pendant que d’autres ont été obligées de puiser dans leurs économies pour compenser la période du couvre-feu durant laquelle elles n’ont pas travaillé. 

Par ailleurs, la majorité d’entre elles travaillent dans les bars, alors que la mesure concernant la fermeture de ceux-ci est encore en vigueur : « Le couvre-feu est levé, mais c’est toujours difficile pour moi car le bar où je travaille n’a pas encore repris ses activités. Je me débrouille donc comme je peux pour l’heure. », témoigne une travailleuse du sexe en commune V du district de Bamako. 

Elle ajoute que personne ne s’intéresse visiblement à leur cas, alors qu’elles demeurent très sollicitées : « Le nombre de clients que nous recevions par jour, sur le trottoir ou dans les bars, prouve à quel point notre métier, quelque part, fait du bien à beaucoup d’hommes. Pourquoi ne pas penser à nous en cette période de crise sanitaire ? »

Droits bafoués 

Tirer le diable par la queue est bien le terme approprié pour décrire la situation que vivent les travailleuses du sexe en cette période de coronavirus. Elles croulent sous le poids d’innombrables charges comme l’électricité, l’eau, la nourriture et parfois même la prise en charge de toute leur famille. Celles qui sont issues de familles très démunies ont du mal à s’en sortir. 

On peut donc dire que l’un de leurs droits fondamentaux, à savoir celui de pouvoir mener leur travail, est bafoué. Et comme elles n’ont actuellement pas accès aux prises en charge médicale et périodique, leur droit à la santé sexuelle et reproductive est également foulé au pied. 

Certaines travailleuses du sexe ont dû changer de stratégie en proposant leurs services via internet. Les clients sont reçus dans des domiciles : dans des appartements ou chez eux-mêmes. Cette stratégie, selon B.A., est couteuse donc peu profitable : « Dans les bars, on payait une somme dérisoire. Prendre un appartement, par contre, n’est pas à la portée de toutes. Beaucoup de clients, hélas, n’aiment pas recevoir chez eux. C’est dur ! », conclut-elle avec pour souhait la fin de la pandémie du Covid-19 et de ses conséquences sur la vie sociale.  

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Les commentaires récents (6)

    1. Dieu n’a pas crée le sexe pour que vous faite le commerce avec la situation actuelle vous allez pensé a chercher a vous marié et xé qui ira mieux pour vous au-lieu de rester là a dire travailleuse de sexe vous êtes plutôt des paresseuse