Dans notre société, l’autorité parentale s’affirme en fonction des moyens économiques. Au sein des familles, la précarité économique influe sur l’éducation des enfants.
« Lorsqu’un parent est incapable de nourrir ses enfants, il ne peut pas les empêcher de sortir pour trouver de quoi se mettre sous la dent.» Cette phrase, on l’entend très souvent, venant surtout des enfants qui pensent pouvoir passer outre l’autorité de leurs parents.
Les enfants dans cette posture sont, pour la plupart, issus de familles modestes. Ainsi, la pauvreté économique prend le dessus sur l’éducation de ces jeunes filles et garçons qui ont une autonomie financière. « Ils vont où ils veulent, quand ils le veulent et avec qui ils veulent, sans rendre des comptes à qui que ce soit. Sous le regard impuissant des parents. »
Pour Hamsetou, une jeune fille qui dit vivre dans la débrouille pour subvenir à ses besoins depuis l’âge de 16 ans, ce comportement est justifié « La société nous juge mais la réalité est tout autre. Aujourd’hui, à 28 ans, je ne peux pas accepter que l’on vienne m’exiger des explications sur mes faits et gestes. » Une façon, on comprend aisément, de pointer un doigt accusateur en direction des parents.
Caution des parents
Si des parents sont accusés de fermer les yeux, la réalité est plus complexe. Âgée de 19 ans, K.D est le pilier financier de sa famille. Le sujet est sur toutes les lèvres dans son quartier. « Les gens me reprochent de ne pas être ferme avec ma fille, mais ils oublient ce qu’elle a traversé. Elle s’inquiète pour moi et m’aide à tenir le cap financièrement, car je suis veuve depuis 5 ans», dédouane cette vielle, qui dit n’avoir cure des commérages qui courent les rues au sujet de sa fille.
Dans d’autres cas, les deux parents sont bien vivants et se taisent soit par négligence, soit par impuissance. « Les parents sont souvent ceux qui poussent les enfants à leur manquer du respect en leur montrant qu’ils sont les rois de la maison pour profiter de leurs biens mal acquis. J’ai un neveu de 24 ans qui ne trempe que dans des affaires louches. Il couvre ses parents de cadeaux et règle les factures de la maison, ce qui a fait de lui un demi-dieu», confie un jeune réparateur d’engins à deux roues.
Imposer l’autorité
La précarité doit-elle nous ôter le pouvoir d’éduquer nos enfants et d’imposer notre autorité ? Je répondrais par le négative. Malgré cette tendance à voir des enfants défier l’autorité parentale, il y a aussi des parents, humbles, modestes mais qui n’ont pas renoncé à leur responsabilité.
Adja, la cinquantaine, vend des légumes au marché de Wolofobougou, quartier populaire de Bamako. Malgré son âge avancé et sa situation économique peu enviable, elle est stricte avec ses enfants. « Les parents doivent éduquer leurs enfants en fonction de leurs moyens. Arrêtez de leur faire croire qu’ils sont mieux que vous. Peu importe votre position financière, l’enfant doit se contenter de cela et se battre pour avoir la vie qu’il veut. Mais ne soyez jamais esclaves de leurs billets de banque », conseille-t-elle, entourée de ses quatre enfants déjà majeurs, et qu’elle n’hésite pas à recadrer au besoin.