Fausses informations en période électorale, armes fatales des hommes politiques
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Fausses informations en période électorale, armes fatales des hommes politiques

Au Mali, à l’approche des différentes élections, les nouveaux sites, pages Facebook et autres chaines YouTube poussent comme des champignons. Ils produisent des contenus douteux et manipulateurs en faveur ou en défaveur d’un candidat.

« En 2018, une lettre circulait sur les réseaux sociaux avec comme objet : ‘’Droit à l’image concernant la ville nouvelle de Hassi-Massaoud’’. Dans la lettre, on accusait l’ancien chef de file de l’opposition Soumaila Cissé [décédé le 25 décembre 2020], d’avoir pris les images d’une ville imaginaire algérienne et de l’avoir l’utilisée dans sa campagne comme plan d’une nouvelle capitale », se remémore Abdoulaye Guindo, coordinateur de la plateforme Benbere sur laquelle un article de démenti avait été publié.

Toujours concernant le même homme politique, un média sénégalais avait écrit qu’il avait une fortune à la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et qu’il avait demandé le transfert de ce fonds vers son compte Ecobank. Argent qui aurait été détourné quand il était à la tête de la commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Il s’agissait évidemment de fake news, puisque ce sont des États qui peuvent avoir des comptes à la BCEAO et non des particuliers. Mais au Mali, en période électorale, les fausses accusations sont récurrentes.

Campagnes de dénigrement

A travers de faux comptes sur les réseaux sociaux, et parfois par le canal des médias traditionnels, les hommes politiques se livrent à des campagnes de dénigrement sans merci. Objectif : ternir l’image de leurs adversaires politiques afin de les décrédibiliser auprès de l’opinion.

Quelques célèbres fausses informations ont marqué le second mandat de l’ancien président Amadou Toumani Touré. Les rumeurs les plus folles lui ont prêté l’intention de vouloir modifier la Constitution et de briguer un troisième mandat. Ces rumeurs, sur lesquels est venu se greffer l’ex-rébellion indépendantiste, ont affaibli le régime et conduit à sa chute en mars 2012 par un coup d’état. « On l’avait traité de chef rebelle. Qu’il aurait discuté avec un capitaine rebelle pour informer ce dernier que l’armée n’a plus les moyens de se battre. Ou encore qu’il aurait invité le camp adverse à avancer sur l’armée malienne », se souvient Nouhoum Togo, leader du parti Union pour la sauvegarde de la République (USR) et ancien proche collaborateur du defunt président.

Autre exemple, non moins important, que rappelle Togo : « Lorsque l’ancien président ATT a dit ‘’Bèbi babolo’’, qui signifie ‘’chacun pour soi’’ en bamanankan. L’expression avait été mal interprétée par les hommes politiques pour faire croire à la population que le président ne pouvait plus assumer ses responsabilités, qu’il ne pouvait plus relever le défi du développement, et qu’il était nécessaire de le faire partir. »

Vendre des illusions

Bien avant l’ère du numérique, le premier président du Mali, Modibo Keïta, en a fait les frais. Des rumeurs ont fait croire que le socialisme qu’il prônait prévoyait « d’éliminer toutes les personnes âgées de 60 ans ».

Les fausses informations diffusées sur des candidats ont pour principal objectif de créer les conditions pour que le ou les challengers n’accèdent pas au pouvoir. En ce moment, ils utilisent tous les moyens qu’il faut pour déstabiliser le candidat. Mais souvent, ce sont des informations conçues pour faire mal à la personne sur le plan émotionnel. Ils le font même lors des débats, ou par l’intermédiaire de la presse ou à travers les réseaux sociaux.

Nous constatons également des contenus fabriqués sciemment pour induire la population en erreur, tromper l’opinion publique et leur vendre des illusions. Très souvent, c’est aussi pour des règlements de compte personnel. Ils ne veulent pas voir l’adversaire sortir par la grande porte, du coup, même après avoir été élus, ils continuent leur mission de déstabilisation et de manipulation.

Il devient très difficile de contourner les fausses informations en période électorale, car Internet et surtout les réseaux sociaux nous offrent de grandes possibilités. Tout le monde est donneur d’informations. Cependant, avec le rôle de veille citoyenne, les recherches fouillées et une bonne dose de vigilance, les hommes de médias qui pratiquent la vérification d’informations peuvent considérablement amoindrir ce phénomène.

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