Les mythes historiques sont cruciaux pour l’héritage culturel et l’identité nationale. Mais certaines épopées peuvent exacerber les conflits, d’où la nécessité de les aborder avec une approche critique.
Les mythes historiques du Mali, tels ceux entourant Soundiata Keïta, fondateur de l’empire du Mali, ou l’empire Songhaï sous Sonni Ali Ber et Askia Mohamed, sont des piliers de l’identité malienne. Ils relatent des histoires de bravoure et de grandeur, inspirant les générations à travers des traditions orales qui jouent un rôle crucial dans la cohésion sociale et la transmission des valeurs.
« Les mythes historiques ne sont pas de simples récits, mais les fondements de notre identité et de notre culture. Ils nous rappellent notre origine, notre parcours, et les valeurs essentielles que nous devons préserver et honorer », considère Amadou Diadié Sangho, membre du Réseau des communicateurs traditionnels pour le développement (Recotrade).
Risques de distorsion historique
Cependant, ces récits peuvent parfois omettre ou déformer certains faits. L’historien Sadati Nassourou souligne que la manipulation de l’histoire, au Mali comme ailleurs, revêt diverses formes comme la « sélection sélective des faits », la « réinterprétation des événements historiques pour servir des intérêts politiques ou idéologiques », voire « la falsification pure et simple des données historiques ». «L’histoire est souvent écrite par les vainqueurs, ce qui est contesté par les vaincus. Il est essentiel d’étudier et d’enseigner l’histoire de manière rigoureuse et objective, en adoptant une approche critique qui reconnaît les divers points de vue et interprétations, en usant de tous les outils et connaissances désormais à notre disposition pour étayer nos analyses », ajoute-t-il.
Certains mythes historiques peuvent être dangereux, surtout en temps de conflits. « Des mythes glorifiant un groupe ethnique au détriment d’un autre peuvent exacerber des divisions », souligne un journaliste malien qui a souhaité garder l’anonymat.
Il nous semble donc important d’aborder les mythes historiques de manière constructive, notamment à travers ateliers de dialogue intergénérationnel entre les historiens professionnels, les gardiens de la tradition et les jeunes plus exposés aux fausses informations, notamment à travers les réseaux sociaux. Ces débats devraient permettre à notre société de s’armer intellectuellement pour résister contre les différentes tentatives de manipulation de notre histoire.