Parler de la prostitution est un tabou dans notre société. Elle est pourtant pratiquée par toutes catégories de femmes. Si certaines le font par choix, d’autre s’y trouvent par désespoir.
Oumou, une grande dame bamakoise, considère la prostitution comme étant une profession parmi tant d’autres : « J’ai tout obtenu dans la prostitution. J’ai à ma charge mes cinq frères que je scolarise dans des écoles privées de la place. J’emploie dix personnes dans mes trois commerces, dont une salle de massage dans un quartier chic de Bamako. », explique-t-elle. Avant de poursuivre : « La plupart de mes clients sont des hauts cadres et des hommes d’affaire étrangers. Ce travail, pour moi, n’est pas différent des autres ».
Oumou n’est pas la seule professionnelle du sexe à qui ce milieu profite. Étudiante dans une université publique à Bamako, K.D. pratique également la prostitution et ne compte pas abandonner de sitôt le milieu : « Je suis dans la prostitution depuis l’âge de 13 ans. Dans mon business, il n’y a pas de sentiment. Tu me payes et je te rends service ». Comme elle, ses deux sœurs pratiquent aussi ce métier. Chose encore plus étonnante, le travail de notre étudiante n’entrave en rien sa relation avec son fiancé : « Je suis fiancée et mon homme est conscient du travail que je fais. », confie-t-elle.
Des motivations différentes
Si certaines se sentent bien dans le milieu de la prostitution, d’autres y restent par désespoir. Venue de son village natal dans l’idée de se faire une place au soleil, Fatoumata S., en plus de son travail de domestique, pratique le plus vieux métier du monde. « Je ne suis pas arrivée à la prostitution par choix libre. Depuis dix ans, j’ai l’impression de mener une double vie : celle de bonne et celle de prostituée. La prostitution me permet d’arrondir mes fins de mois. Ma famille au village compte sur moi, et mon salaire de bonne ne peut couvrir tous nos besoins. », confie Fatoumata.
La relation entre ces filles de joie et les forces de l’ordre reste un sujet tabou au Mali. Nous les voyons souvent, tard dans la nuit, embarquer ces professionnelles du sexe, mais ces dernières réapparaissent le lendemain aux mêmes endroits. « La brigade des mœurs, lors de ses patrouilles, arrête ces filles qui font le trottoir. Par cette manière, nous les empêchons de nuire aux bonnes mœurs », tente d’expliquer dans l’anonymat un agent de police.
« Pas qu’un choix personnel »
Selon le psychologue Moussa Cissé, la prostitution n’est pas qu’un choix personnel. Plusieurs facteurs la sous-tendent. Il cite notamment le viol comme l’un des facteurs clés qui pousse certaines victimes à s’adonner à ces pratiques lorsqu’elles se considèrent comme souillées et qu’elles sont rejetées de toutes parts, les obligeant à devoir survivre seules. D’autres, quant à elles, sont poussées par leurs propres parents, ou encore sont victimes de détournement ou de menace. Toutes choses qui sont généralement manœuvrées par des proxénètes.
« Certaines filles dans des quartiers défavorisés ou périphériques de Bamako, pour subvenir à leurs besoins, se prostituent par elles-mêmes. De fil en aiguille, cela devient une habitude, puis finalement elles se retrouvent dans les rues. », conclut le psychologue.
La majeur parti des fille se prostitue par manque de moyens mais d’autres aussi le font par desir du sex même.