Le Pr. Samba Sow, ministre malien de la Santé et de l’Hygiène publique, avait fait une sortie médiatique, le 10 octobre 2018, pour rassurer les Kayesiens quant au problème de scanner de l’hôpital Fousseyni Daou. De fait, les populations avaient brandi la menace d’une marche pacifique, qui était prévue pour le 13 octobre 2018. Sur la chaîne nationale, Office radiodiffusion télévision du Mali (ORTM), le Pr. Samba Sow leur avait promis un scanner pour leur hôpital avant fin mars 2019. Jusque-là, le bunker qui doit abriter le scanner est toujours en chantier, sans parler du scanner lui-même, rappelle le blogueur Abdoulaye Guindo.
Pour mémoire, les populations de Kayes ont constaté beaucoup de décès liés au manque de scanner : soit le patient meurt à Kayes parce qu’il n’a pas les moyens financiers de louer un véhicule pour se rendre à Bamako, soit il meurt sur l’axe Kayes-Bamako, car la route est dans un état piteux et le trajet trop long. Face à cette situation, les populations de Kayes avaient monté le projet d’une grande marche pacifique le samedi 13 Octobre 2018. Mis au parfum de cette manifestation géante pouvant lui coûter cher, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Pr Samba Sow, a fait une sortie médiatique avec une série de promesses visant à amener les populations à cran à renoncer à cette marche. Pour lui, ce fut une sortie réussie, car les cerveaux ayant écouté ses promesses à la télé et sur les radios ont alors accepté de surseoir à la marche.
Ce jour-là, 10 Octobre 2018, le Pr Samba Sow avait promis que l’hôpital Fousseyni Daou de Kayes allait être doté d’un scanner avant la fin du premier trimestre de l’année 2019. Et pour abriter le scanner, le ministre avait annoncé la construction immédiate d’un bunker dans la cour de l’hôpital pour une valeur de 40 millions de FCFA.
Pour que l’hôpital soit doté de scanner, il fallait au préalable construire un bunker. Alors qu’ici, à Kayes, l’hôpital Fousseyni Daou n’en est jusqu’à ce jour pas doté. Dans la cour de l’hôpital, près de la traumatologie, on voit un bâtiment en chantier. Et selon certains agents et usagers de l’hôpital interrogés, cette maison est en chantier depuis assez longtemps car les travaux n’avancent presque plus. Non peint, sans fenêtre ni porte, le bâtiment sert actuellement de lieu de séjour pour certains accompagnateurs de malades.
Quid du scanner ?
Selon un agent de l’administration de l’hôpital, qui a demandé qu’on lui garantisse l’anonymat, un avis d’appel d’offres avait été lancé pour sélectionner le fournisseur. Après analyse des dossiers, l’offre a été déclarée infructueuse pour non éligibilité des candidats. Toujours selon notre source, un second appel d’offres a été ouvert pour sélectionner un fournisseur. Notre source nous a dit n’avoir plus eu d’informations au sujet de cette seconde offre.
Par contre, l’agent estime que l’éligibilité des candidats n’est pas un argument dans le non-respect de la promesse du ministre de la Santé. Pour lui, si l’Etat est de bonne foi, acquérir un scanner est un jeu d’enfant. Il a conclu en disant que le ministre de la Santé, Pr. Samba Sow, « s’est juste payé la tête des Kayesiens ». Ce sentiment de trahison est partagé par l’ensemble de la population et des ressortissants de Kayes à Bamako. Plusieurs d’entre eux, interrogés sur le sujet, estiment que le ministre a juste berné Kayes.
L’hécatombe continue
En attendant, à Kayes, l’hécatombe continue car les patients continuent à mourir par manque de scanner. Il y a quelques semaines, un pharmacien victime d’un accident, avait un traumatisme au niveau de la tête. Selon des agents des services d’urgence de l’hôpital de Kayes, il fallait faire un scanner pour voir ce qui était faisable. Faute de scanner, il a fallu le transporter en direction de Bamako. Inutile de rappeler que le trajet Bamako-Kayes est long et que la route est impraticable. Malheureusement, le blessé a succombé au cours du trajet au niveau de la localité de Kolokani.
N’ayant pas pu tenir sa promesse, je conseille au ministre de la Santé de faire une nouvelle adresse à la population de Kayes. Dans cette adresse, il devra d’abord, selon moi, faire son mea-culpa et présenter ses excuses en toute humilité pour non-respect d’engagement pris. Ensuite, il devra expliquer les raisons qui ont occasionné le retard dans l’acquisition du scanner. Pour terminer, il devra prendre un nouvel engagement et proposer une alternative. Je crois que c’est seulement avec cette stratégie qu’il pourra apaiser la colère des populations de Kayes qui, d’ailleurs, menacent de descendre dans la rue.