Mali : l’irrésistible succès des telenovelas
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Mali : l’irrésistible succès des telenovelas

Les telenovelas séduisent un large public au Mali comme ailleurs dans le monde. L’audience est surtout constituée de femmes. Ces feuilletons, qui sont devenus presque leur quotidien, agacent certains hommes, pendant que d’autres supportent cette addiction.  

Les telenovelas ont conquis beaucoup de pays africains dont le Mali. Ils proviennent pour la plupart d’Amérique latine, de l’Inde et de plus en plus de la Turquie. Les thématiques qu’abordent ces séries quotidiennes s’articulent généralement autour des liaisons amoureuses complexes, sur la vie de famille et d’autres faits de société.

Des réalisateurs africains constatant le succès des telenovelas auprès des femmes ont essayé le format en tenant compte des réalités socioculturelles propres à leurs pays. L’accès à la télévision s’est répandu grâce aux progrès technologiques. Dans nos pays, la population a plus tendance à regarder la télévision. C’est un moyen de divertissement et d’évasion, pour les femmes en particulier.

Aider à oublier les soucis

Même s’ils se ressemblent presque tous, les télénovelas font le bonheur de celles qui les regardent épisode par épisode. Comme Zara, une ménagère habitant dans un quartier populaire de Bamako, nos sœurs, épouses et même mères ne s’en lassent pas. Elles apprécient les histoires mises en scène dans ces feuilletons que diffuse la chaîne Novelas TV, lancé en 2015 et accessible sur le bouquet Canal +. Pour Zara, contrairement à ce que pensent certaines, les telenovelas ne mettent pas en scène que des histoires d’amour. 

« Les telenovelas évoquent aussi des problèmes sociaux contemporains tels que la corruption, les inégalités sociales, les relations entre individus, le racisme, la politique et les handicaps physiques et mentaux. J’oublie tous mes petits soucis quand je regarde une série », explique cette téléspectatrice passionnée.

Le succès des feuilletons sud-américains ont incité des réalisateurs africains à se lancer dans la même aventure. Avec plus ou moins de réussite pour certains. Le success-story sur le continent reste la célèbre série sénégalaise Maitresse d’un homme marié.

Au Mali, la série qui fait un tabac sur la chaîne nationale ORTM est Bamako News, réalisée par Fousseyni Maïga. Après trois saisons qui ont attiré environ 3 millions de téléspectateurs, la série est de retour avec une quatrième en langue bamanakan et coproduite par le Groupe Arc-en-Ciel, l’ORTM et le Centre national de cinématographie du Mali. « Cette 4e saison change radicalement de paradigme, même si la sensibilisation et la citoyenneté restent de mise », a expliqué Yacouba Kébé, producteur exécutif de la série à Aujourd’hui-Mali

Enthousiasme pour la production locale

 Les feuilletons produits localement connaissent une forte audience, composée notamment d’hommes, qui en font leur passe-temps. Souleymane, polygame, suit les programmes avec ses épouses. Il trouve que certains feuilletons sont pleins d’enseignements et s’adressent à toutes les générations. « Dou (la famille) est cette série malienne qui porte sur la famille polygame. Elle montre toutes les facettes de la polygamie. Les hommes polygames doivent impérativement le regarder pour mieux comprendre ce qui se passe dans la famille en leur absence », suggère-t-il.

Aicha est fan de feuilletons. Cependant, elle préfère ceux qui sont réalisés par des cinéastes locaux et qui montrent les réalités africaines : « Personnellement, je préfère les séries africaines. Dans ces séries, chaque femme retrouve au moins une situation qu’elle vit ou qu’elle a déjà vécue. Ce qui m’attire le plus avec les feuilletons locaux, la plupart traitent de sujets d’actualité. Par exemple, Maîtresse d’un homme marié met l’accent sur le calvaire que font vivre les professionnelles du sexe aux femmes mariées.» 

 « Ça brûle »

Si certains hommes n’ont pas de problème avec les feuilletons, d’autres comme Moustapha sont agacés chaque fois que les programmes s’affichent sur leur petit écran : « Lorsque ça commence, il faut juste prier Dieu pour que rien ne soit sur le feu. Sinon, ça brûle. Le plus énervant, c’est que les histoires sont semblables : amour, argent et adultère. La plupart des téléspectatrices ne savent pas faire la différence entre une science-fiction et la vie réelle. Elles sont influencées négativement et cela est dangereux », s’inquiète Moustapha. 

La préoccupation de certains ne concerne pas les adultes, car chacun est responsable de ses actes. Pour eux, les téléspectatrices doivent simplement empêcher les enfants de suivre ces feuilletons au risque de les influencer dans le futur.

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