S’il est vrai que le chroniqueur radio Ras Bath a amené de nombreux jeunes à s’intéresser aux questions relatives à la gestion de l’État, il a par la même occasion créé un nouveau type de malien qui n’a plus de respect pour l’autorité publique, écrit le blogueur Mamadou Ben Moussa Coulibaly.
Les erreurs enchaînées et les promesses non tenues par l’ancien héro ont fini par provoquer l’émergence d’un nouveau contre pouvoir incarné par le chroniqueur radio communément appelé Ras Bath. Ses diatribes contre la gestion calamiteuse du pays ont fini par trouver écho auprès d’une jeunesse désemparée et désabusée par une élite qui ne se soucie point de son avenir. L’amateurisme dans la tentative de faire taire le chroniqueur a fini par le rendre très populaire.
S’il est vrai que Ras Bath, a amené de nombreux jeunes à s’intéresser aux questions relatives à la gestion de l’État, il a par la même occasion créé un nouveau malien qui n’a plus de respect pour l’autorité publique : insultes, manifestations violentes, agressions de policiers, sont malheureusement devenues monnaie courante. Tout le monde est devenu activiste sans que l’on sache réellement pour quoi ou contre quoi, ils « s’activent ». Les réseaux sociaux sont devenus leurs terrains de prédilection. Il n’est pas rare, en parcourant Facebook, de voir des individus vociférer dans des vidéos live à n’en point finir.
Soit tu es avec eux, soit contre eux
Le pire c’est que pour eux, toute analyse tentant à dénoncer leur méthode ou celui de leur guide, fait passer son auteur pour traître ou vendu à la solde du pouvoir en place. Pour beaucoup, il n’y a que deux camps et soit tu es avec eux, soit tu es contre eux : le pouvoir. L’objectivité aujourd’hui au Mali semble la chose la moins partagée. Et le grand danger qui nous guette c’est de reproduire lors des élections présidentielles prochaines, prévues pour le mois de juillet, les erreurs du passé.
En 2013, une partie de la société civile avait appelé à voter pour notre ancien héros. Aujourd’hui, elle s’en mord les doigts. Nous constatons à nouveau cette même collision entre les partis de l’opposition et la société civile. Le « tout sauf notre ancien héro » pourrait bien marcher mais si nous ne prenons pas garde, nous risquons de nous retrouver dans la même situation que nos voisins sénégalais qui en 2012 avaient réussi « le tout sauf Wade » et qui aujourd’hui se plaignent de Macky Sall.
très intéressante ton idée qui n’est d’ailleurs pas une nouvelle initiative. Toute la vieille classe politique entonne en disant que l’avenir réside dans cette jeunesse. Revenons en famille où est cette jeunesse dont tu parles? Elle est effectivement au grin ou à la solde des Boua parce qu’elle manque d’initiative, elle manque de stratégie car l’écrasante majorité vient des amphithéâtres remplis de maliens dits « de l’extérieur » (car ne trouve pas de place assise du fait de la pléthore), jeunes ayant une formation basique médiocre. Ils ne peuvent te présenter le minimum d’un plan d’action ne serait-ce que pour leur grin à fortiori une stratégie de renversement de cette génération politique têtue, gloutonne et vieillissante. Je suis désolé d’avoir un pinceau trempé de noir. Nathalie, je crains que tu ne sois pas en retard pour au moins l’electrochoc à impulser d’icici les élections du 29/juillet 2018. Tu es en retard parce que cette stratégie aurait dûe etre bâtie avant. L’on ne va pas rouler pour une jeunesse revoltée, meutrie, volée, violée dans ces droits les plus élementaires mais qui n’a pas de leader charismatique, convaincu et qui se démarque des vieilles méthodes de gouvernance ayant conduit ce pays là où elle est comme tu l’as si bien dit. Une jeunesse qui fait la politique du tube digestif, oisif, sans élan patriotique, adepte du gain facile (djeni ka gnimi), ne peut pas relever ce défi le 29 juillet. Loin de là. Il y a parmi elle, la jeunesse visiblement des compétences qu’on peut connaitre ou découvrir avec un bon plaidoyer pour qu’elles aillent au charbon. Elles existent ces compétences dans tous les domaines. Il s’agit d’ores et déjà, de s’occuper d’abord de la base. Occuper les mairies à travers les conseils communaux (là, tous les talents de bâtisseurs seront mis à rude épreuve), ensuite les conseils locaux et régionaux. Éjecter la vieille garde de l’assemblée nationale (on parle d’alternance mais ça ne concerne presque jamais l’hémicycle et les autres organes issus d’élections— les mêmes têtes jusqu’à la fin de leur vie) en n’ayant des porte-voix de cette jeunesse qui va faire fléchir le Gouvernement . Des changements et réformes réels doivent être apportés dans les secteurs de l’éducation, la formation professionnelle, l’employabilité des jeunes, la gouvernance des affaires publiques et des projets et programmes de l’État, la décentralisation et la distribution des chances à toutes les couches de la jeunesse du Nord comme au Sud, etc. C’est à ce prix que le sursaut se créera. Un sursaut solide convaincant à travers une stratégie de prise du pouvoir également solide. En revanche vouloir changer sous des coups de gueule ne marchera pas au Mali de nous.
L’entraide, la solidarité entre les jeunes est la condition première à ce renversement auquel tu fais mention. Les jeunes doivent s’aimer en dépassant leur futilité de querelle.