Mise à jour des informations NINA : une opération « à pas de caméléon »
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Mise à jour des informations NINA : une opération « à pas de caméléon »

Le délai de rigueur fixé au 31 mars, pour la mise à jour des informations NINA, doit être repoussé. Ce ne sera qu’ainsi que cette opération sera une pleine réussite.

Le ministère de la Sécurité et de la Protection civile a lancé, le 9 janvier 2023, une opération dite de mise à jour des informations NINA. Les Maliens sont invités à aller vérifier leurs données NINA d’abord sur un site Internet, avant de se rendre dans des points spécifiques établis pour corriger les informations. Ces points identifiés sont les commissariats de police, les brigades de gendarmerie, les centres d’état civil, les missions diplomatiques et consulaires (pour nos concitoyens établis à l’extérieur).

Après l’annonce officielle du début de ces opérations, il a fallu des semaines de patience pour que les opérations commencent véritablement. Et ceci d’ailleurs, disons-le, uniquement dans le district de Bamako et ses environs. Mais l’engouement de certains Maliens pour se faire enrôler en vue d’obtenir la carte d’identité biométrique sécurisée a laissé place à la déception. Il faut soit dormir sur les lieux d’enrôlement pour espérer se faire enregistrer sur une liste établie, soit quitter chez soi à l’aube. Egalement, le nombre de personnes à prendre est limité à 30 par jour.

« On ne prend que 30 personnes par jour »

Sidiki Siby, qui a vécu la triste expérience, ne décolère pas. Il s’est rendu à la brigade de la gendarmerie d’un quartier de Bamako, sur la rive droite du fleuve Niger : « J’ai passé deux semaines à chercher à me faire enrôler. Peine perdue. A Chaque fois, ils m’ont fait savoir que le nombre maximum de 30 personnes à prendre par jour a été atteint. » En plus, l’auteur de ces lignes s’est lui-même rendu au commissariat de Torokorobougou en commune V du district de Bamako pour se faire enrôler. Là-bas, même situation. De plus, l’équipe d’enrôlement ne travaille pas les lundis et pas sûr les vendredis, m’a-t-on précisé.

Autre témoignage : Moustapha Coulibaly, un habitant du quartier Sabalibougou-courani, témoigne : là-bas aussi, on ne prend que 30 personnes par jour, comme à la mairie de la commune VI ou encore au commissariat de Lafiabougou, en commune IV du district de Bamako. Ce qui pouvait alors être considéré comme possiblement sporadique à travers le district de Bamako a fini par se révéler comme une règle de travail partout. « C’est une directive que nous avons reçue : on ne prend que 30 personnes par jour », explique, la mine froncée, un membre de l’équipe d’enrôlement dans un commissariat à Bamako.

Réel problème 

Dans les campagnes de sensibilisation lancées, il est précisé que les  opérations de mise à jour des informations NINA ne concernent que la photo, la profession, l’adresse et le numéro de téléphone. Dans une brigade de gendarmerie, Maminata Diarra est informée par l’équipe sur place que l’opération ne concerne pas les erreurs portées sur les noms et prénoms. Elle qui avait cru pouvoir enfin faire rectifier les erreurs portées sur son prénom. Peine perdue pour elle.

Si les Maliens ont un réel problème avec les données NINA, c’est bien au niveau des erreurs portées sur les nom, prénom, date et lieu de naissance. Et l’opération de mise à jour des informations NINA, qui devait permettre de résoudre ces difficultés, ne concerne pas la correction de ces informations. Devra-t-on alors, en lieu et place des cartes NINA, utiliser des cartes d’identité biométriques dites sécurisées avec des données truffées d’erreur ?

Changer de méthode

Dans un communiqué daté du 4 février, le ministre de la Sécurité et de la Protection s’est plaint du faible niveau d’affluence des Maliens vers les sites d’enrôlement. La question est de savoir, par ailleurs, s’il s’est imprégné des réalités de travail sur le terrain. Pour une population de plus de plus de 20 millions d’habitants, on ne saurait ne faire enrôler que 30 personnes par jour et espérer finir avec un seul quartier au bout de trois mois, à plus forte raison tout un pays.

Les populations vivant dans les chefs-lieux de région se plaignent jusqu’à présent sur les chaines de radio et les réseaux sociaux du retard dans le démarrage effectif et serein de cette opération dans leurs localités respectives. Ne parlons pas des missions diplomatiques et consulaires du Mali à l’étranger, qui n’ont commencé véritablement l’opération qu’à partir du communiqué du 4 février. En témoignent leurs différents communiqués qui passent sur les ondes de la télévision nationale (ORTM 1) depuis quelques jours.

Il est important, si la volonté y est véritablement, que les autorités de la transition déploient plus d’efforts pour faire enrôler plus de Maliens. Des équipes mobiles doivent être déployées dans les services de travail ou dans les quartiers pour faire le tour des concessions. Les sites déjà établis doivent véritablement augmenter le nombre de personnes à enregistrer par jour. Le délai de rigueur fixé au 31 mars doit également être repoussé. Ce ne sera qu’ainsi que cette opération sera une pleine réussite.

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