L’artiste Tiken Jah Fakoly subit une campagne d’intimidation, de menaces et de rumeurs infondées depuis la publication de son nouveau tube « Actualités brûlantes », en collaboration avec Amen Jah Cissé. Son « crime » est d’avoir osé critiquer l’Alliance des États du Sahel (AES). Pourtant, cette nouvelle confédération a besoin d’une critique constructive pour aller de l’avant.
Ce morceau dénonce les dirigeants africains qui manipulent les constitutions pour s’accrocher au pouvoir. Du Togo à la Côte d’Ivoire en passant par le Tchad et le Cameroun, chaque pays en prend pour son grade.
Cependant, un passage spécifique a particulièrement suscité l’indignation des partisans de l’Alliance des États du Sahel (AES). Tiken y chante : « Ne gâtez pas l’AES… La liberté d’expression mangée par la révolution acquise dans le sang/ Regardez ce qui se passe dans l’AES/ Dès que tu critiques un peu c’est le front ou la prison. »
Depuis la publication de ce titre, qui a déjà accumulé plus de 800 000 vues sur YouTube, Tiken Jah Fakoly fait l’objet d’une campagne d’intimidation sans précédent. Sur les réseaux sociaux, les insultes et les menaces se multiplient. Certains appellent à brûler ses albums, d’autres exigent son expulsion du Mali, où il réside depuis plusieurs années.
Parmi ces attaques, des rumeurs infondées circulent, notamment l’accusation selon laquelle Tiken aurait critiqué l’AES par vengeance, après une demande de 83 millions de francs CFA pour chanter en faveur de la confédération, une somme qui aurait été refusée. Aucune preuve n’étaye ces accusations.
D’autres insinuent que Tiken Jah cherche à se rapprocher du président ivoirien Alassane Ouattara pour faciliter son retour en Côte d’Ivoire. Pourtant, dans cette même chanson, l’artiste n’épargne pas Ouattara qu’il critique sans le nommer, dénonçant son ambition de briguer un quatrième mandat, qualifié de « match de trop » qui risque d’« enflammer » la Côte d’Ivoire.
Dérive inquiétante
Les détracteurs de Tiken Jah Fakoly semblent oublier que la liberté d’expression, que l’artiste défend, est un pilier fondamental de toute société démocratique. L’article 14 de la Constitution malienne, pays de résidence de Tiken Jah Fakoly, stipule clairement que « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinion et d’expression, dans le respect de la loi. » Tiken Jah Fakoly n’a fait qu’exercer ce droit, pleinement conscient des réactions que ses paroles pourraient susciter.
L’AES, à l’instar de tout autre groupement politique, ne peut échapper à la critique. L’artiste met en lumière ce qu’il perçoit comme une dérive inquiétante au sein de l’AES, particulièrement au Burkina Faso, où les voix dissidentes sont souvent réduites au silence. En critiquant l’AES, Tiken Jah Fakoly cherche à pousser l’alliance vers une amélioration, à faire de ce projet naissant un espace où les droits de tous sont respectés.
La critique constructive, telle que celle formulée par Tiken Jah Fakoly, est essentielle pour permettre à l’AES de se développer et de devenir un véritable modèle de démocratie en Afrique.