La campagne de vaccination anti-Covid-19 a débuté au Mali en mars 2021. Si à Bamako la campagne bat son plein, San, à 444 km de Bamako, la capitale du pays, semble oubliée.
Cet article a d’abord été publié par le journal Mali Tribune.
La nouvelle région de San, détachée de Ségou, est à 444 km de Bamako, la capitale malienne. La campagne de vaccination a commencé ici avec 3 mois de retard sur Bamako. « Nous avons commencé avec le personnel du centre de santé de référence. Nous avons reçu seulement 500 doses », affirme notre interlocuteur au Centre de santé de référence de San. .
Ce samedi, la cours est vide. Le personnel sanitaire n’est pas sur place. Seule une aide-infirmière tient le centre. Elle semble agacée par les questions et préfère botter en touche en nous recommandant de voir le médecin chef. Ce dernier, au téléphone, reconnaît la timidité des vaccinations.
« Bamako prend tout »
Il est vrai qu’au Mali, le vaccin AstraZenzca a eu beaucoup de mauvaises publicités. Mais, à San, de l’avis de tous nos interlocuteurs sur place, la difficulté majeure a été la quantité reçue. « Nous avons eu peur de faire de la publicité autour du vaccin, confie notre source. Nous n’avons que 500 doses pour une population estimée à 54 000 personnes. Selon les statistiques nationales, si nous ne retenons que les plus de 60 ans, 10% de la population, le compte n’y est même pas ! ». En effet, 500 doses, cela signifie, 250 patients.
« Personnellement, je me suis fait vacciner et ma femme également. Nous attendons le rappel pour être complètement préservés de ce virus qui a chamboulé l’humanité toute entière », déclare un agent de santé qui déplore que « Bamako, non seulement prenne à lui seul tout pendant trois mois, mais, en plus, oublie l’arrière-pays ».
Véronique Kodio, ménagère à San, tout en déplorant « le retard accusé par nos autorités sanitaires pour élargir la campagne de vaccination contre le coronavirus », se dit heureuse de sa disponibilité enfin à San.
« San n’allait même pas recevoir une dose »
« Je ne sais pas pourquoi les gens sont contents après tout ce que j’ai entendu autour de ce vaccin. Pour rien au monde, je ne me ferai vacciner. Honnêtement, je ne crois même pas en l’existence de la pandémie », confie Maimouna Diabaté, commerçante. Pour elle, « si c’était bien, San n’allait même pas recevoir une dose ».
Félicité Diarra, maire de la ville de San, incite la population à se faire vacciner pour se préserver contre la Covid-19 et également protéger son entourage. « La Covid-19 est une maladie très dangereuse, c’est important que les gens se fassent vacciner pour lutter contre ce virus », conclut l’édile.
- « Ce reportage est publié avec le soutien de JDH/JHR – Journalistes pour les Droits Humains et Affaires Mondiales Canada »