La baisse du niveau de l’école malienne est connue de tous. Mais qui en est responsable ? Les parents accusent les professeurs, ceux-ci accusent les parents, les deux accusent l’État qui à son tour renvoie la faute à tous les autres. Pour le blogueur Fousseni Togola, tout ce monde a sa part de responsabilité.
Les enfants n’ont plus peur des enseignants car ceux-ci ne se servent plus du fouet, qui naguère imposait l’ordre. Sans pour autant regretter cette période – les mauvais traitements aux enfants sont heureusement désormais interdits par l’ensemble des textes internationaux -, force est de constater que les professeurs ont largement perdu de leur autorité. Peu créatifs, les enseignants, n’arrivant plus à trouver d’autres solutions pour s’imposer, font de leurs élèves des amis, des copines, etc. Plus de barrière entre enseignants et élèves.
À cela, s’ajoute la prolifération des écoles privées. Rares sont ces écoles qui remplissent les normes réelles pour être autorisées à enseigner. Elles sont de véritables lieux de commerce où chaque promoteur ou directeur ne cherche qu’à se faire le plus grand nombre d’élèves possible. Du coup, de la première année jusqu’en 9e année, où il y a l’examen du Diplôme d’étude fondamentale (DEF), les élèves, qu’ils soient bons ou mauvais, ne redoublent pas. L’école qui ose faire redoubler les enfants, aussi mauvais élèves soient-ils, perdra rapidement ses clients. Ce désordre se fait devant les yeux impuissants de l’Etat.
Des enseignants peu qualifiés
L’enseignement est devenu un fourre-tout. Si jadis les enseignants étaient choisis parmi les meilleurs lauréats des universités, aujourd’hui l’enseignement est devenu une sorte de refuge et de consolation pour les cœurs meurtris. Les recalés du DEF et du Baccalauréat n’ont plus d’autres options que chercher une école où enseigner. Rares sont ceux parmi eux qui savent s’exprimer, conjuguer correctement des verbes, ne parlons pas des accords. Une étude a montré que 57% des enseignants au Mali ne sont pas qualifiés.
L’enseignant d’autres fois se remarquait par sa grande culture parce qu’il lisait énormément et était animé d’un grand amour pour son travail. Mais beaucoup de nos jours ont la lecture en aversion. J’ai été étonné un beau soir d’entendre de la bouche d’un enseignant d’une école fondamentale que la lecture lui donnait le sommeil. Quelle horreur! Comment veut-on que les élèves sachent lire alors que les enseignants eux-mêmes ne lisent pas ? On leur apprend plutôt à assimiler par cœur les textes de lecture. Finalement, ces situations ne peuvent avoir d’autres conséquence que Tel maître, tel élève pour paraphraser l’adage tel père tel fils
Le désengagement des parents
À cette situation calamiteuse, s’ajoute le désengagement des parents. La majorité des parents d’élèves passent toute l’année scolaire sans mettre les pieds au sein de l’établissement de leurs enfants. D’autres ne connaissent même pas le niveau d’avancement de ces enfants. En cas de redoublement, les parents font porter le chapeau aux enseignants, alors qu’ils n’ont rien fait eux-mêmes pour encourager leurs enfants à apprendre leurs leçons.
Ce manque de contrôle parental finit par transformer les élèves en absentéistes. Ils sortent de la maison le matin pour rejoindre le grin. À l’heure de la descente, ils rejoignent la maison et font semblant d’avoir été à l’école. Une fois à la maison, la seule chose qui les occupe, c’est la télévision, la nourriture ou le téléphone.
L’éducation ne s’améliorera pas si l’Etat, les enseignants et les parents n’assument pas leurs responsabilités respectives.
Commentaire * tout les question du d e f