L’école malienne est confrontée à une multitude de défis. Ce qui est déplorable, selon le blogueur Lamissa Diarra, c’est la crise des valeurs qui y sévit, faisant du sexe un critère d’avancement dans notre système d’enseignement.
De façon générale, à mon avis, l’éducation est en chute libre. L’une des raisons qui explique cette situation semble être les faveurs sexuelles en échange de notes dans nos écoles. Le phénomène des « notes sexuellement transmissibles », comme le décrit crûment le journaliste Bokar Sangaré dans Être un étudiant au Mali (Ed. La Sahélienne, 2016), continue de ternir l’image de l’école malienne, qui se trouve déjà dans un état de dégradation avancé. Et où certains élèves et enseignants ont foulé la morale aux pieds.
Beaucoup d’enseignants pensent que les jeunes filles ne comptent que sur les faveurs sexuelles pour avoir de bonnes notes. Celles qui résistent aux avances sont harcelées, les autres en profitent. Courir les jupons de ses élèves ou étudiantes relèverait pour beaucoup d’enseignants des « avantages du métier ».
« Un jeu dangereux »
Assanatou K., ancienne étudiante à l’Université de Bamako, raconte qu’elle a toujours fait l’objet d’une attention particulière de la part de certains de ses professeurs. « Quand je faisais la 11e année, deux de mes enseignants en plus du surveillant général de notre lycée, me faisaient la cour. » Elle ajoute que son professeur de français venait jusque chez elle et l’invitait à sortir. « Il commençait à m’intéresser, mais le jour où il m’a proposé de coucher avec lui pour avoir de bonnes notes en retour, c’était la demande de trop », relate-t-elle. Comme c’est souvent le cas, des élèves déclinent ces avances. Assanatou K. a même été amenée à changer d’établissement. Mais le même cauchemar la rattrapera à l’Université.
B.T, une étudiante, confie que lorsqu’elle était au lycée, on les appelait les « bad girls », allusion faite à leur réputation de « véritables tentatrices » qui n’hésitaient pas, elles-mêmes, à faire des avances aux professeurs. « En début d’année, on s’organisait et on se répartissait les enseignants à draguer. On y parvenait parce que ça leur plaisait bien. Le drame dans l’histoire est que beaucoup d’entre nous finissaient par tomber amoureuses. C’était un jeu dangereux ! ».
Enseignants harcelés
Il arrive souvent que certains enseignants soient harcelés par des filles à l’instar de M. Diarra, professeur d’enseignement secondaire général. « En 2014, j’avais une classe de terminale dans un lycée privé. À la fin des cours, une fille rangeait ses affaires aussitôt et se saisissait de mon cartable jusqu’au parking. Un jour, elle m’a avoué qu’elle voulait d’une relation amoureuse. Je lui ai répondu que je ne pouvais pas me permettre d’entrer dans une telle relation avec mon élève parce que c’était contre mes principes », témoigne-t-il. L’élève, dit-il, l’a tellement harcelé qu’il a fini par être dur avec elle pour la faire rentrer dans les rangs.
Sanctions plus ou moins dissuasives
Les règlements intérieurs diffèrent selon les établissements. Mais en général, il n’y a pas de véritables dispositions prévues. Un arrêté ministériel du 12 mars 2010, fixant le règlement intérieur des établissements d’enseignement secondaire, stipule seulement que les rapports entre les élèves eux-mêmes, entre les élèves et les professeurs et/ou le personnel de service doivent être empreints de correction dans les propos, actes et attitudes. L’arrêté n’évoque pas spécifiquement le phénomène des notes en échange de faveurs sexuelles.
Cependant, Abdoul K. Konaté, proviseur d’un lycée privé de Bamako, révèle avoir eu à licencier un membre de son administration pour une histoire de falsification des notes. « Il profitait de la place qu’il occupait dans l’administration pour donner de bonnes notes à certaines demoiselles qu’il fréquentait », déclare-t-il.
Ce mal, qui gangrène notre école, ne doit pas être traité avec complaisance. Il faut des textes clairs, des sanctions rigoureuses et fermes contre ceux qui se rendront coupables de tels actes dans notre milieu scolaire. Tous les acteurs de l’école malienne doivent comprendre que c’est une priorité. Car si on n’y prend garde, on finira par rompre le soubassement sur lequel sera bâti l’édifice du Mali de demain.
L’école me manque beaucoup je hâte d’aller à l’école
Bac