stopper excision
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Que faut-il faire pour stopper l’excision ?

Le 6 février est la journée internationale de lutte contre les mutilations génitales féminines. Cette pratique touche environs 200 millions de femmes dans le monde selon l’organisation mondiale de la santé. Au Mali, le taux de prévalence de cette pratique est de 91% !

La pratique de l’excision est présente au Mali, dans toutes les ethnies, dans toutes les régions, mettant le pays dans le peloton de tête des pays qui pratiquent le plus les mutilations génitales en Afrique de l’Ouest.

Nombreux sont les projets de sensibilisations pour l’abandon de l’excision au Mali, des villages ont signé des accords d’abandon de la pratique, des exciseuses ont fait des déclarations assurant avoir déposé leurs silex, mais l’excision continue au Mali… La population semble s’être fait un bouclier pour ne pas entendre les méfaits et les conséquences néfastes de cette pratique pour la femme.

Des religieux ont fait des prêches, ont participé à des campagnes pour parler aux fidèles et leur expliquer qu’il n’existe pas de lien entre la foi et l’excision, pourtant l’excision continue au Mali…

Une épidémie de tétanos stoppa cette pratique

L’excision continue au Mali, de la capitale aux contrés reculées, tous les jours, on coupe les clitoris de petites filles sans rien leur demander, sans raison, ressassant leurs rengaines : « c’est notre tradition ». Comme si une tradition ne s’abandonnait pas quand elle est néfaste.

Pourtant, certaines régions du nord du pays font exceptions et ne pratiquent plus cette tradition si douteuse comme à Tombouctou, Gao et Kidal. Bien qu’il y ait une certaine diversité communautaire au septentrion malien, l’excision n’est encore pratiquée que dans certaines zones de la région de Tombouctou (Goundam).

L’historien Salem Ould El hadj nous a confié que Tombouctou n’était pas comme Gao où il n’a jamais entendu parler de l’existence de cette pratique. « A Tombouctou, on pratiquait l’excision jusque vers 1905. Il a fallu une épidémie de tétanos pour mettre fin à la pratique. Une centaine de jeunes filles sont décédées avec seulement une seule survivante, détaille-t-il. Les parents de toutes celles qui sont décédées ont ainsi décidé ensemble qu’il était temps que cela s’arrête. Avant on comptait seulement un ou deux décès parmi les excisées. Une centaine, d’un coup, c’était trop. »

Et de compléter : « On décréta que c’était la ville même qui refusait l’excision et que toute personne qui y contrevenait allait trouver la mort.  Les gens y crurent et oublièrent la dimension sociale et culturelle et religieuse qu’ils donnaient à l’excision. »

Une lutte au long cours

L’historien me fit réfléchir. Aujourd’hui des filles continuent à mourir, des femmes meurent des suites de complications obstétricales, certaines se retrouvent fistuleuses et abandonnées par leur famille, d’autres, traumatisées à vie, n’arrivent point à oublier cette violence…

Il n’y a aucune loi qui protège les petites filles maliennes des couteaux des exciseuses, car abandonnées entre leurs mains par ceux et celles qui devraient les protéger.

La lutte s’annonce longue pour les organisations qui luttent pour l’éradication de l’excision au Mali.

Faut-il une épidémie nationale de tétanos pour que cette pratique soit abandonnée ?

Vous pouvez relire sur Benbere : Lettre à mon clitoris disparu, que je ne retrouverai jamais

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