La colle forte, un adhésif utilisé fréquemment par les réparateurs de pneus, est consommée par beaucoup de jeunes adolescents à Tombouctou. L’addiction à cette substance pousse les consommateurs à une violence extrême.
Ils ont entre 12 et 17 ans. Ce sont des jeunes de toutes les couches sociales. Leur sport favori : la consommation de colle forte. La prise est aspiratoire : il suffit juste de plonger longuement ses deux narines dans l’odeur que dégage le produit pour voir les effets de cette drogue.
« Quand je prends la colle, je me sens à l’aise. Mes idées deviennent claires. J’y trouve un réel plaisir », nous confie un adolescent de 14 ans. Beaucoup de jeunes interrogés pensent que la consommation de ce produit, comme les autres drogues, permet de se surpasser pour réaliser des exploits, à la manière d’Hercule.
Du plaisir à la folie
Abalaye Youssouf, 16 ans, regrette son addiction à ce stupéfiant qu’il a laissé il y a plus d’un an. « En prenant ce produit que je considérais comme un médicament, je pouvais passer toute une journée à dormir. Mes nerfs devenaient faibles. Après, je devenais très agressif à l’égard de tout le monde. Parfois je sentais que ma tête voulait exploser. Mes parents ont décidé de m’amener dans un village où je n’avais pas accès à la colle. C’est ainsi que j’ai abandonné », raconte-t-il.
À la longue, la majorité des consommateurs deviennent des aliénés de la société, certains deviennent même des malades mentaux. Ils sont rares, les quartiers dans lesquels les jeunes ne s’adonnent pas à la consommation de ce qu’ils appellent « Woura hari di » ou « l’or en liquide ».
Les spécialistes mettent en garde contre la consommation de ce produit. « C’est un produit qui peut provoquer des maladies psychiques. Il peut détruire les structures du cerveau. Le consommateur peut faire l’objet d’hallucination », nous dit un psychologue de Tombouctou.
La consommation de ce produit est une véritable bombe à retardement pour les jeunes de Tombouctou. Il y a deux ans, un adolescent est subitement mort dans cette même ville suite à une prise excessive de ce produit. Le lendemain, des jeunes en colère ont saccagé tous les bars, les boîtes de nuit et autres espaces de loisirs, accusés de favoriser la consommation de drogues.