Tombouctou est devenue un passage pour de migrants, très souvent mineurs, prêts à tout pour rallier l’Europe. Immersion dans le centre d’accueil pour migrants mineurs de Tombouctou.
Le centre de l’association des enfants et travailleurs Jekawili de Tombouctou accueille et héberge des migrants, particulièrement des adolescents qui tentent de rejoindre l’Europe au péril de leur vie. Rien ne semble décourager certains, pas même les drames récurrents dont ils sont témoins.
Samedi 24 octobre 2020. Il est 7h45. Nous sommes au centre Jekawili. Des jeunes qui dorment à même le sol, d’autres assis sous la véranda. Quelques-uns ont les bras pansés, d’autres portent des marques de blessures.
Retourner au bercail ou repartir
Certains ont des cathéters veineux poses sur la main. Nous venons juste d’entamer un entretien avec le responsable du centre, lorsqu’une dispute éclate entre deux migrants : « Ne me salue pas. On ne se connaît même pas. Tu es venu seul et moi pareil. Occupe-toi de tes affaires, sinon je te casserai la gueule, personne ne m’en n’empêchera », lance Alpha à son compagnon Rasta. Ce dernier répond sur un ton tout de même posé : « Mon frère, je ne veux pas de problème avec toi. J’ai juste voulu prendre de tes nouvelles. Hier, tu m’as boudé, je me suis dit que tu étais fatigué. J’ai laissé tomber. Aujourd’hui, je te salue et tu veux me frapper. Tu es malade ? » Il a fallu l’intervention du responsable du centre pour mettre fin à la bagarre.
Pendant qu’ils faisaient la paix, deux adolescents rentrent en transpirant. La fatigue pouvait se lire sur leurs visages. Ils s’adressent directement en anglais au responsable. Ce dernier a du mal à comprendre. Il n’a pas hésité à nous demander de l’aide.
Dans les discussions, j’ai compris que les adolescents étaient de nationalité libérienne. Ils ont été manipulés par d’autres pour rejoindre l’Europe, spécifiquement l’Angleterre, confient-ils. Le regard de chacun de ces jeunes en dit long sur leur situation. Ayant échoué pour cette première fois, ils sont divisés entre retourner au bercail ou reprendre l’aventure.
Supplices
Pour ces jeunes qui veulent aller en Europe à tout prix, Tombouctou est le chemin le plus facile pour y accéder. Avant, c’était Gao où les conditions d’accès se sont durcies. Aujourd’hui, Tombouctou compte au moins une quinzaine de foyers qui accueillent ces migrants avant leur voyage.
Durant ce voyage pour la frontière algérienne, qui n’est qu’une première étape, les migrants sont confrontés à d’énormes supplices : la torture, l’arnaque, le viol, l’abandon. Malheureusement, beaucoup meurent avant d’arriver à destination. Les autorités de Tombouctou continuent de fermer les yeux face à cette situation.
Comment rentrer en contact avec cette association ?
Qu’est ce qui peuvent faire ?