Depuis la prise de sanctions économiques et financières contre le Mali par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), une courte séquence vidéo circule sur les réseaux sociaux maliens. Elle est décrite comme étant une manifestation de colère de jeunes burkinabès pour soutenir le Mali. En réalité, les images n’ont aucun lien avec le Burkina Faso, encore moins le Mali.
La capsule de 30 secondes circule sur le réseau social WhatsApp. Elle montre des manifestants, jeunes pour la plupart, portant des sacs à dos grimper sur des barres pour arracher des drapeaux composés de deux bandes : une de couleur rouge au-dessus et l’autre de couleur noire au-dessous avec une étoile jaune au milieu.
Le texte qui accompagne la courte vidéo est la suivante : « Suite aux sanctions iniques infligées par la CEDEAO, des jeunes burkinabè ont manifesté leur colère en faisant descendre les drapeaux des pays de la CEDEAO au siège de l’organisation. »
La même vidéo circule aussi sur les réseaux sociaux faisant croire à des actes de vandalisme contre les couleurs du Burkina Faso ainsi que celles des autres pays membres de la Cedeao à Bamako, dans la capitale malienne. L’internaute a mis comme légende : «#Ugent_Mali La population malienne détruit les drapeaux des pays membre de la CEDEAO. L’ambassade du Burkina Faso à Bamako paye les frais. »
Faux
Les deux contextes prêtés à la vidéo sont faux, en réalité. D’abord les couleurs du drapeau sont en celles du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), principal mouvement d’opposition armée angolais contre le colonisateur portugais.
La Brigade centrale de lutte contre la cybercriminalité (BCLCC) du Burkina Faso a aussi rapidement produit un communiqué de démenti sur sa page Facebook. Le communiqué est disponible ici.
La vidéo, devenue virale au-delà des frontières maliennes, a été diffusée en intégralité par un média angolais dénommé Camunda News. C’était lors d’une manifestation de colère ayant occasionné le saccage du siège du MPLA. Nous pouvons retrouver la partie en question à partir de la 13e minutes et 17 secondes. L’intégralité dure plus d’une heure.
Après les sanctions, prises contre le Mali par la Cedeao, le 9 janvier 2022, les fausses informations ne cessent de pleuvoir sur les réseaux sociaux mais aussi au sein de la population malienne.
Réactions burkinabè aux sanctions contre le Mali
Par contre, au Burkina Faso, plusieurs organisations politiques tels que le Parti démocratique pour l’intégration et la solidarité (PDIS-Laafia), le Parti national des démocrates sociaux (PNDS) et l’Alliance africaine pour le développement (ALIAD) ont manifesté leur soutien aux autorités de transition malienne à travers un communiqué. « Trois partis épris de paix et profondément attachés à la démocratie et à la solidarité en vue d’une véritable intégration des peuples expriment leurs sincères solidarités au peuple Malien face à cette dure, douloureuse et injuste épreuve qui lui est imposée », ont-ils déclaré.
Dans le compte rendu de leur rencontre, les Burkinabés résidents au Mali ont aussi demandé au président Rock Marc Christian Kaboré de « se désolidariser des sanctions prises contre le Mali. »
