Attention à cette vidéo manipulée
#BenbereVerif : faux, le Sénégal n’a pas adopté une loi interdisant aux Libanaises d’accoucher sur son sol
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Une publication X reprend une déclaration de Tahirou Sarr, candidat aux législatives sénégalaises, dans laquelle il évoque une prétendue discrimination à l’encontre des femmes noires accouchant au Liban. Il appelle à une mesure de réciprocité. Cependant, cette affirmation n’est pas étayée par des faits et le Sénégal n’a pas mis en place de telles restrictions.

Lors des campagnes pour les élections législatives, une déclaration de Tahirou Sarr, alors candidat, avait suscité la polémique en appelant à une loi interdisant aux femmes libanaises d’accoucher au Sénégal, en réponse à une prétendue mesure similaire à l’encontre des femmes noires au Liban.

Ces propos, largement diffusés sur les réseaux sociaux, ont été déformés, laissant croire qu’il s’agissait d’une décision officielle du gouvernement sénégalais. Une vidéo publiée ici sur le compte X @Joe_Bassey indique : « Le Gouvernement Sénégalais interdit aux femmes libanaises d’accoucher au Sénégal, de la même manière que les Africaines ne sont pas autorisées à accoucher au Liban. » Publiée le 12 décembre, la vidéo comptabilise plus de 390 commentaires et environ 4000 partages. Des internautes sont plutôt contents de l’information et félicitent la soi-disant décision du Gouvernement Sénégalais. « Un développement bienvenu, d’autres dirigeants africains devraient s’inspirer de lui et faire la même chose, car les pays occidentaux nous ont toujours pris pour acquis », retrouve-t-on dans l’un des commentaires.

Promesses de candidat

L’extrait du reportage qui circule sur les réseaux sociaux est disponible sur la chaine YouTube de SEN TERANGA. La vidéo a été mise en ligne le 23 octobre 2024. M. Sarr, qui se présente comme un nationaliste, était membre de la coalition ayant porté au pouvoir en mars 2024 l’actuel président sénégalais Bassirou Diomaye Faye. Il était candidat aux législatives, en tête de la liste d’une coalition baptisée « Les Nationalistes/Jël liñu moom », une expression en wolof que l’on peut traduire par « Prendre ce qui est à nous ».

Si M. Sarr a bien fait savoir son intention de proposer une telle loi une fois élu, à ce jour, il n’existe aucune interdiction pour les femmes libanaises d’accoucher au Sénégal. Il s’agit d’un discours tenu dans un contexte politique lié aux élections législatives par un candidat et non d’une décision officielle.

De plus, l’adoption d’un tel texte aurait fait la Une de la presse sénégalaise et des médias internationaux. Des médias sénégalais ont d’ailleurs démenti la rumeur comme ici sur la page Facebook du journal « Le Soleil. » « De même source, aucune proposition ou projet de loi allant dans le sens de l’allégation vérifiée n’a été trouvée dans les archives jusqu’à l’installation des députés élus le 17 novembre 2024, rapporte de son côté le site internet Ouestaf.com. La nouvelle Assemblée nationale sénégalaise a tenu sa première session le 2 décembre 2024. »

Les femmes noires ne sont pas interdites d’accoucher au Liban

De même que les propos de Tahirou Sarr sont dénués de tout fondement. Il n’existe pas d’interdiction formelle pour les femmes noires d’accoucher dans ce pays. Mais selon plusieurs médias internationaux, les bonnes étrangères n’ont plus le droit de se marier, ni d’entretenir une relation amoureuse et les familles qui les emploient sont tenues de surveiller leurs fréquentations.

Dans ce pays, les conditions de travail de ces bonnes à tout faire ont été maintes fois dénoncées par les médias et les organisations internationales comme ici avec Amnesty International.

Dans un article datant de 2015, le journal Le Monde affirme qu’une « nouvelle clause a été insérée à la lettre d’engagement signée, à côté du contrat, par chaque employeur chez le notaire, pour embaucher une nounou ou renouveler son séjour. Noir sur blanc, il est stipulé que la famille doit empêcher toute idylle de son employée. » Le journal ajoute que la circulaire a été adoptée dans ce sens en 2014 et avalisée par le ministère de la justice avant d’être transmise aux notaires.

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