Attention, cette vidéo d’une voie ferrée endommagée par les eaux de pluie n’est pas du Mali
#BenbereVerif : les syndicats de Gao ont-ils appelé à la « désobéissance civile » ?
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Dans un article, publié le mardi 8 novembre 2022 sur son site internet, Radio France Internationale a titré : « Mali : appel à 48 heures de désobéissance civile dans la région de Gao contre l’insécurité ». Cet article a été partagé sur les plateformes Facebook et Twitter de la radio. Après vérification, nous avons constaté qu’il n’y avait  pas eu de désobéissance civile à Gao.

Que savons-nous des mouvements sociaux à Gao ?

Depuis deux semaines, la population civile de Gao monte au créneau pour dénoncer la situation d’insécurité qui prévaut dans la région.

  • Au début du mois de novembre, des voyageurs ont été attaqués sur l’axe Ansongo-Gao à plusieurs reprises. Les habitants d’Ansongo ont décidé d’observer deux jours (les 7 et 8 novembre 2022) de désobéissance civile pour réclamer le retour de la sécurité.
  • Cette semaine, les trois grandes centrales syndicales de la région ont annoncé un arrêt de travail de 48 heures dans toute la région de Gao, à partir du 8 novembre 2022.

Pourquoi un arrêt de travail ?

Dans une correspondance en date du 6 novembre 2022, adressée au gouverneur de la région, les syndicats expliquent cette décision par la dégradation de la situation sécuritaire dans la région de Gao et interpellent les autorités. « L’arrêt de travail susmentionné n’est que le prélude à un processus qui devra à terme aboutir à une véritable situation sécuritaire digne de ce nom garantissant un climat apaisé, permettant aux uns et aux autres de vaquer sereinement à leur activité », expliquent-ils dans la lettre.

Les trois centrales syndicales, à savoir l’Union nationale des travailleurs du Mali, la Centrale démocratique des travailleurs du Mali et la Confédération syndicale des travailleurs du Mali, déplorent la dégradation de l’environnement sécuritaire.

Que dit RFI sur cet arrêt de travail ?

Radio France Internationale a parlé d’un appel à la désobéissance civile de 48 heures dans toute la région de Gao dans son article.

  • « Après un collectif de la société civile d’Ansongo dans le nord, cette fois-ci ce sont les trois principales centrales syndicales du Mali qui appellent, à compter de ce mardi, à 48 heures de désobéissance civile dans toute la région de Gao », peut-on lire dans l’article.
  • Nous avons tenté de savoir auprès du correspondant de la radio, Serge Daniel, pourquoi le média parle de désobéissance civile ? « Il y a deux choses : la société civile de Ansongo appelle dans son mot d’ordre à une désobéissance civile et les représentants locaux des trois syndicats ont parlé dans la lettre « d’arrêt de travail de 48 h ». Mais dans l’interview diffusée, que vous avez probablement écoutée, l’un des trois représentants des syndicats dit effectivement « les deux jours de désobéissance civile sont destinés à exiger des autorités…. »», tente-t-il d’expliquer.
  • Malgré le fait que le correspondant de RFI a maintenu ces dires sur la désobéissance civile dans notre entretien au téléphone, le site a changé le titre de l’article et certains éléments de son contenu sans en avertir ses lecteurs.

 Qu’est-ce qu’une désobéissance civile ?

Parmi les articles de médias que nous nous avons consultés, comme on peut le voir ici (1 ; 2 ; 3), Radio France Internationale est le seul organe à avoir parlé de la désobéissance civile.

  • La désobéissance civile est définie par John Rawls, philosophe politique américain, comme « un acte public, non violent, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi et accomplit le plus souvent pour amener à un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement ».
  • Cette forme de lutte a été notamment utilisée au Mali lors des manifestations du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), en 2020, contre le régime de l’ancien président feu Ibrahim Boubacar Keïta.

Y a-t-il eu vraiment de la désobéissance civile dans la région de Gao ?

Non. Un arrêt de travail est très différent d’une désobéissance civile. Les centrales syndicales ont plutôt appelé à l’arrêt de travail, qui concerne uniquement les militants des syndicats. Donc, l’article de la Radio France Internationale n’est pas correct lorsqu’il parle de 48 de désobéissance à Gao.

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