Doniblog et sa plateforme Benbere ont organisé, du 19 au 20 octobre 2022 à Bamako, un forum sur la désinformation. Le tout premier du genre au Mali. Il a réuni autour de différents panélistes, des participants issus de structures médiatiques et d’organisations de la société civile.
Avec un accompagnement financier de l’ambassade du Danemark au Mali, à travers le Fonds d’appui aux moteurs du changement (FAMOC), cette initiative s’est voulue un cadre d’échanges, de discussions et de réflexion sur le phénomène de la désinformation au Mali. Au menu des deux jours du forum, des panels autour de différentes thématiques liées au phénomène de la désinformation, ont été animés par des journalistes, des praticiens du fact-checking, des chercheurs et des représentants de l’État.
Le premier panel organisé autour du thème « Réformes politiques et institutionnelles au Mali : les enjeux liés à une information de qualité » était modéré et co-animé respectivement par M. Baba Dakono (Secrétaire exécutif de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité), M. Bokar Sangaré (journaliste, éditeur en chef de la plateforme Benbere), M. Souhaibou Coulibaly (conseiller technique au ministère de la Communication et de l’Information numérique) et M. Bandiougou Danté (président de la Maison de la presse).
Un contexte favorable aux mauvaises informations
À l’ère du numérique, les réseaux sociaux sont devenus des supports privilégiés dans la communication et la circulation de l’information. Ils ont donné l’opportunité à tout le monde de se faire analyste ou donneur d’informations. Le débat public est désormais conduit par de nouveaux acteurs en lieu et place des experts et connaisseurs. Et, quoi qu’on en dise, ces nouveaux acteurs sont parvenus et parviennent à influencer une bonne partie de l’opinion sur les sujets d’intérêt national avec son lot désastreux d’analyses limitées qui ne résistent pas au débat d’arguments, de fausses informations ou de manipulations d’informations et de rumeurs.
C’est le constat dressé en substance par les panélistes du jour, qui sont d’accord à la fois sur l’opportunité et le danger que représentent les réseaux sociaux et également sur la nécessité de réguler ce « champ » en particulier, et le milieu des medias au Mali de façon générale.
L’enjeu est tout de taille en cette période de réformes politiques et institutionnelles pour le Mali où la régulation du secteur des medias est une urgence afin qu’il puisse justement accompagner qualitativement le processus de refondation en cours.
Pour le bonheur de la démocratie
Le vide laissé par le journaliste qui n’inspire plus le professionnalisme et la rigueur a permis la prolifération de nouveaux spécialistes de l’information sur les réseaux sociaux : videomen, influenceurs… C’est à ce juste titre d’ailleurs que Bokar Sangaré a insisté sur la formation du journaliste et à l’exercice de son rôle. En période de réformes politiques et institutionnelles, il faudrait que nos journaux et médias travaillent à « analyser et restituer les enjeux de ces réformes ; informer le public, donner la parole à tout le monde et dresser des contrepoints analytiques » pour mieux édifier les citoyens.
Les réseaux sociaux devront être des espaces de commentaires, d’échanges et de discussions. Il doit appartenir aux seuls journalistes d’aller à la quête de l’information et de la partager. Ceci permettra d’avoir un contrôle sur l’information, de garantir la bonne information, et distinguer ceux qui émettent une information.
Bref, le journaliste doit réoccuper sa place dans la promotion du débat public. C’est bien son rôle que d’informer et sensibiliser les citoyens afin qu’ils puissent exercer pleinement leur citoyenneté. Pour cela, diront M. Coulibaly et M. Danté, il faudra engager des réformes afin d’assainir le milieu des réseaux sociaux et ils y travaillent au niveau de leurs structures, en collaboration l’une avec l’autre. Ces réformes devront donc permettre de « redonner vie » au journaliste et à la bonne information afin que les citoyens maliens soient édifiés sur les questions d’intérêt national pour le bonheur de la démocratie.