Publié en janvier 2024, un rapport survole plusieurs défis auxquels font face la liberté d’expression et l’accès à l’information. Il y est aussi question de l’influence des réseaux sociaux sur la gouvernance et de la désinformation.
Au Mali, le constat est là : l’information de qualité est de plus en plus noyée par les fake news. Selon un article publié en janvier 2024 par des chercheurs maliens dans la Revue internationale des sciences de gestion, « la désinformation sur les réseaux sociaux au Mali, exacerbée par l’augmentation de l’accès à Internet, pose un défi majeur, influençant l’opinion publique et exacerbant parfois les tensions ». Malgré les algorithmes de censures et plusieurs autres initiatives, certains utilisateurs profitent des plateformes digitales pour faire passer des messages de haine et des informations non vérifiées.
« Des plateformes comme Facebook, Twitter et WhatsApp sont devenues des canaux de diffusion rapide de fausses nouvelles, particulièrement durant les crises politiques ou sociales où elles sont utilisées pour manipuler l’opinion ou discréditer les opposants », expliquent les chercheurs.
Vigilance pour éviter les pièges
Grace au développement technologique, plusieurs internautes se vantent d’être professionnels de l’information. Les web TV se créent, et les directs des chroniqueurs se multiplient, notamment sur Facebook. Les populations, de leur côté, s’informent sur ces réseaux et pèsent sur des décisions publiques. Le rapport mentionne que, selon la fondation Friedrich-Ebert en 2021, « les 36% d’utilisateurs sur WhatsApp et 27% d’utilisateurs sur Facebook, jouent un rôle prépondérant dans la sphère publique malienne, devenant des vecteurs essentiels pour le débat public, l’information et la contestation politique. »
A titre d’exemple, en novembre 2023, plusieurs fausses informations ont été virales. Notamment en lien avec la reprise de Kidal par les forces armées maliennes. Et ce malgré une lutte acharnée de plusieurs médias pour contrer ces fausses informations. La revue encourage les débats publics des médias tels que ceux organisés par des plateformes comme Benbere. « L’initiative « Malicheck » de Lejalon.com et « Factcheck » de Benbere jouent un rôle éducatif important dans la création d’un espace public bien informé ». Cependant, préviennent les chercheurs, « La lutte contre la désinformation doit éviter de se transformer en un outil de répression ou de limitation du débat public ».
Abdoul Malick Almaïmoune, spécialiste des médias, invite à la vigilance. « On ne doit pas croire à tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux. Pour éviter les fausses informations, la vérification des sources est primordiale », souligne-t-il.