La famille d’Amina l’a donnée en mariage à son cousin sans qu’elle soit consultée. Comme elle ne l’aimait pas, le mariage n’a pas marché, ce qui a créé la frustration dans les deux familles qu’il était supposé unir.
Amina est une jeune fille de 18 ans. Belle, séduisante, le sourire toujours aux lèvres. Difficile de passer inaperçue. Ses prétendants sont innombrables dans l’université qu’elle fréquente à Bamako, et même à Tombouctou sa ville natale. Pour maintenir les liens de la famille, ses parents décident de la donner en mariage à Alley, un de ses cousins.
Lorsque la famille d’Amina décide de la donner, elle n’a été à aucun moment consultée. Même certaines de ses copines en ont été informées avant elle.
« Je ne l’aime pas »
Les parents très conservateurs d’Amina ne lui laissent pas le choix. « J’ai demandé à mon futur mari d’abandonner le projet de mariage. Je ne l’aime pas. Et je sais que ce mariage ne peut pas durer. J’ai aussi parlé avec ma maman pour qu’elle puisse convaincre la famille. Elle m’a dit qu’elle devait se plier à la décision de la famille. C’est là que j’ai compris que je n’avais pas mon mot à dire », se lamente Amina.
Le 26 Décembre 2016, le mariage est célébré en grande pompe à la mairie de Tombouctou. Grande mobilisation, cortège et mets délicieux au rendez-vous. C’est cela les mariages à Tombouctou.
Le courant ne passe pas
Après la célébration, Amina retourne à Bamako, où elle étudie depuis deux ans. Malgré les difficultés liées aux études, elle se sent plus à l’aise à Bamako que dans son foyer. Plus d’un an après le mariage, le courant ne passe pas bien entre les époux. Les choses s’aggravent lorsqu’Amina revient à Tombouctou pour les vacances. Un véritable clash l’oppose à son mari de cousin. Amina et Alley ne peuvent plus s’entendre. Aux heures tardives de la nuit, leurs disputes dérangent le voisinage.
Dès lors Amina passe le plus clair de son temps chez ses parents. Elle a même commencé à y passer la nuit malgré la mise en garde de ses parents. Pour elle, le mariage a déjà avorté. Il ne reste plus qu’à demander le divorce.
La délivrance
C’est avec joie qu’Amina a annoncé le 19 mai de cette année ce qu’elle considère comme une délivrance. « C’est officiel. À partir de ce soir, je suis célibataire. Je suis définitivement à la maison », se réjouit-elle.
Tandis que, la fille célèbre sa joie dans son petit coin, le torchon brûle entre les deux familles. Fâché contre sa fille, le père d’Amina, après plusieurs mois de refus du divorce, fini par accepter.
Pour Amina, cette expérience lui a même ôté le goût du mariage. Elle n’est pas prête à retenter l’expérience de sitôt, dit-elle, de surcroît avec un membre de la famille. Elle confie n’avoir jamais été heureuse au sein de cette union.
Malheureusement, Amina n’est pas la seule à subir un mariage forcé au Mali. Ce genre d’unions finissent souvent par déchirer des familles entières. Certaines femmes finissent par commettre l’irréparable. Si les plus courageuses comme Amina décident de se révolter quand ça tourne mal, la majorité souffrent en silence, de peur de représailles de leurs parents.
Il est clair que cette situation est très présente au Mali. Difficile pour une fille de s’en tirer elle aura besoin de soutien pas des géniteurs car ils sont les instigateurs mais des frères et des soeurs. Au final les parents ne veulent que le bien de leur enfant il ne faut surtout pas lâcher prise et céder à la pression.
Comme c’est triste
Le mariage arrangé est ce petit truc qui devient toujours grand soit en bien ou en mal. Et là, tu peints une face l’iceberg qui gêne beaucoup les parents aujourd’hui dans leur prise de prise de décision.
Le mariage arrangé est ce petit truc qui devient toujours grand soit en bien ou en mal. Quelque soit l’issu, ce n’est jamais facile. Le côté néfaste de la chose fait que la grande majorité des parents ont de la difficulté à se decider et à y envoyer leurs parents. Cela dit, que faire si on veut solidifier les liens familiaux. Merci à M.Cissé de si peindre la société Tombouctienne.
Avant de commenter cet article, je voudrais demander quelles sont les raisons historiques et culturelles de cette pratique. Comme le dit Alain Foka: » un peuple sans histoire est un monde sans ame », je suis certain qu’il y a des raisons qui sous-tendent cette pratique.