Depuis l’ouverture de la campagne électorale, le 8 mars dernier, nous constatons des affichages dans le désordre partout où nous passons. Ces pratiques et tant d’autres sont-elles permises par la loi électorale ?
Aucune plaque n’est épargnée. Les échangeurs, les trottoirs, les poteaux électriques et même les panneaux de signalisation sont tous décorés par les affiches des candidats. Pourtant, l’article 77 de la loi électorale stipule : « Tout affichage relatif à l’élection est interdit en dehors des emplacements spécifiques ».
De fait, pendant la durée de la campagne électorale, des emplacements spéciaux sont réservés dans chaque commune, ainsi qu’aux abords de chaque bureau de vote.
Selon décision du gouverneur du district de Bamako portant détermination des emplacements spéciaux réservés aux affiches électorales à l’occasion de l’élection des députés à l’Assemblée nationale 2020, dont Benbere a reçu copie, les candidats de la commune VI ne sont autorisés à afficher qu’aux lieux suivants : projet des jeunes de Sogoniko, Centre Olympa Africa de Banankabougou, les 10 centres d’état civil et l’espace vert de Niamakoro. Dans cette décision, des emplacements pour chaque commune sont indiqués.
De plus, dans chaque quartier du district de Bamako, les jeunes circulent entre les familles, se montrant bénévoles pour les retraits des cartes d’électeurs des concitoyens à leur place. En réalité, ils sont envoyés par des individus véreux se trouvant au sein des partis politiques pour tenter d’influencer les électeurs.
La loi électoral, en son article 73, indique que toute campagne est interdite dans les lieux de culte.
Promouvoir ses idées, ne pas critiquer les autres
La campagne électorale, pour le cas précis des législatives, est ouverte sur une durée de 21 jours déterminée par la loi électorale. Elle permet aux candidats de vendre leurs idées aux électeurs.
Mais, il n’est pas rare d’entendre, lors des meetings de campagne, des propos très acerbes ou même injurieux d’un candidat à l’endroit d’autres. Une pratique peu orthodoxe. Dans ce cas de figure également, la loi électorale prévient : « Il est interdit de procéder, lors des campagnes, à des déclarations injurieuses ou diffamatoires par quelque voie que ce soit à l’endroit d’un ou de plusieurs candidats ou listes de candidats » (article 74).
Sanctions prévues
En cas de violation de la loi électorale, les sanctions sont prévues par l’article 130 : « Quiconque par des pratiques de l’article 73 sera puni d’un an à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de cent mille à un million de franc CFA. Seront punis des mêmes peines, ceux qui auront agréé ou sollicité les mêmes dons, libéralités ou promesses. »
Fousseyni Diop, responsable plaidoyer et mobilisation sociale de l’AJCAD (Association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie), dénonce surtout la méconnaissance des textes qui régissent l’activité politique. « La loi électorale est méconnue par plusieurs acteurs, notamment les politiques. Il faut des renforcements de capacité à l’endroit des acteurs politiques et des citoyens pour que l’ensemble des Maliens s’approprient le contenu de cette loi ».
« Il faut que les politiques s’asseyent pour voir ensemble ce qui ne fonctionne pas afin de proposer de meilleures pratiques. », abonde Issiaka Kampo, ancien vice-président (2008-2017) de la CENI (Commission électorale nationale indépendante).
Il propose aux candidats de respecter le cadre légal lors de la campagne électorale. A mon avis, l’État, les blogueurs, activistes et autres acteurs de la société civile doivent partager le contenu de la loi électorale avec tous les Maliens et dans toutes les langues. Il est important que les acteurs politiques ainsi que les citoyens s’approprient le contenu de la loi portant sur les élections au Mali.