Contrairement à une croyance répandue, l’extraction de sable n’est pas bénéfique pour le Niger. Cette pratique constitue une menace pour le fleuve.
Dans le fleuve Niger, il n’y a pas que du sable. Il y a la faune et la flore aquatique, qui peuvent être entamées. L’extraction de sable peut avoir des impacts sur le fleuve si elle n’est pas bien conduite.
Elle peut déranger les poissons dans leurs lieux de reproduction, faire beaucoup de trous orphelins qui peuvent être cause de noyade. Les berges se voient fragilisées à cause du piétinement des exploitants de sable, entre autres.
Extraction artisanale et mécanisée
Il existe une extraction artisanale où, généralement, des exploitants de sable plongent pour récupérer le sable avec des seaux ou des calebasses. Ce type d’exploitation est moins destructeur pour l’environnement et pour l’écosystème. « Si l’extraction de sable a des conséquences sur le fleuve, je doute fort que ça soit celle que nous pratiquons », soutient Mamoudou Koné, exploitant.
En revanche, il y a une autre forme d’extraction beaucoup plus industrielle ou semi-mécanisée, qui consiste à utiliser des engins de type artisanal ou des dragues à godets. De grandes infrastructures qui ont la taille d’un bâteau. Ce genre d’équipement, dans l’extraction du sable, creuse jusqu’à une certaine profondeur, et les véhicules assurant le transport du sable endommage les berges du fleuve.
Les berges empêchent l’eau de s’étendre et d’atteindre les habitations ou les infrastructures socio-culturelles. Ainsi, la rupture de ces digues peut entrainer des situations d’inondation en période de crue.
Risques du métier
« Des exploitants utilisent la drague, car les méthodes artisanales permettent d’avoir une quantité insignifiante de sable, nous explique Moussa Diamoye, Directeur général adjoint du Bassin du fleuve Niger. Il y a une forme d’industrialisation, de professionnalisation qui fait que certains acteurs ont acquis des dragues de types à godets qui sont grandes. Ce genre d’engin cause beaucoup de dégâts sur l’environnent, sur les espèces aquatiques. »
Namory Keïta, président du syndicat des extracteurs de sable à Kalaban-Bougou évoluant dans le domaine depuis plus de trente ans, partage son expérience : « Notre travail est très risqué et l’utilisation de dragues y contribuent énormément, car elles creusent des trous de 20 à 30 mètres. Ce qui peut engloutir jusqu’à une dizaine de pirogues. Lorsque ça arrive, nous perdons souvent nos piroguiers ». Il affirme avoir perdu quatre apprentis dans ces conditions, l’année dernière.
Face à ce constat, le législateur a posé des préalables. « Au regard des impacts de l’extraction, surtout avec des engins très lourds comme la drague, le législateur avait prévu dans le cadre des études d’impacts social et environnemental, un processus assez long. Il y a un décret qui institue ces études, parce que ce type de projet avec les dragues est classé projet de type A », indique Moussa Diamoye.
Il va plus loin en ajoutant que c’est un processus long à l’issue duquel il est prévu des concertations avec les populations pour connaitre leurs contraintes, les moyens d’atténuation des impacts. Après quoi le ministère de l’Environnement accorde ou pas un permis environnemental pour avaliser l’activité.