#LaissezNousJouer : à Kalaban-coro, le match sans espoir des jeunes pour leur terrain
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#LaissezNousJouer : à Kalaban-coro, le match sans espoir des jeunes pour leur terrain

Depuis 2010, les jeunes d’un secteur de Kalaban-coro ont perdu le plaisir de taper dans le ballon rond. Ils ont perdu un espace public leur servant de terrain de sports.

Kalaban-coro, commune rurale au sud-est du district Bamako, jeudi 25 mars 2010. Les autorités municipales décident, comme plusieurs autres maires du district de Bamako, de moderniser le grand marché de la commune rurale. Les commerçants (hommes et femmes), ayant vu une manœuvre de spoliation de leur marché, s’y opposent en soulevant un vent de contestation réprimée dans la violence.

Soutenu au plus haut sommet de l’État selon certains, le maire de l’époque Issa Bocar Ballo parvient à morceler le grand marché de Kalaban-coro, malgré l’opposition de certains autochtones ainsi que des femmes du quartier. Il fait déployer la gendarmerie pour déguerpir les occupants du marché. Quelques mois plus tard, des immeubles sortent de terre. Les places et magasins sont vendues aux plus riches au détriment des étalagistes, majoritairement des femmes et des démunis.

Un piège tendu

Ne voulant pas se laisser faire, les femmes organisent plusieurs manifestations qui, souvent, dégénèrent en violence.  Acculé, et pour arrondir les angles, le maire décide d’installer provisoirement les occupants du marché exproprié sur un espace public, appartenant à la jeunesse et servant de terrain de sports. « C’est un espace où il était prévu de bâtir un centre multifonctionnel : salle de conférence, foyer de jeunes, salle pour d’autres événements, etc.», confie un jeune du quartier.

Sans savoir qu’un piège leur est tendu, les jeunes acceptent le compromis, pensant que c’est provisoire. Plus de cinq ans après, l’espace demeure un marché. Malgré plusieurs années de lutte, les jeunes ne sont jamais parvenus à récupérer l’espace. Oumar Traoré, qui venait jouer chaque soir sur l’un des terrains, explique que les jeunes ont été bloqués dans leur combat par les pesanteurs sociales.

Mordre la main qui nourrit

En effet, les chefs de familles du quartier s’opposent aux actions des jeunes visant à récupérer leur terrain. Pour ces derniers, il est inconcevable de soutenir des enfants dans « une guerre qui les oppose à leurs mamans dont certaines soutiennent la famille à travers le bénéfice qu’elles tirent de leur petit commerce. » De fait, les femmes qui occupent les espaces supportent, pour la plupart, certaines charges de la famille.

« Nos parents nous ont dit que la malédiction divine s’abattrait sur tous ceux qui seront impliqués dans les actions qui conduiront à déguerpir ces femmes de ces espaces », déclare Oumar, qui ajoute qu’il faut trouver un moyen de faire retourner les étalagistes dans le marché « rénové ».

Quant à Massedou Dienta, secrétaire général de la Jeune chambre internationale (JCI) de Kalaban-coro, il reconnaît que seule une lutte pourra permettre aux jeunes de rentrer dans leur droit. Mais, lui aussi semble aussi avoir été ébranlé par la prise de position des parents : « En tant qu’être humain, on ne peut pas mordre la main qui te nourrit ».

Du coté des vendeuses, le message est clair : « « Nous pas bouger », car nous nous sommes familiarisés avec nos nouveaux sites qui sont à proximité d’une station d’essence et d’un lycée », déclare Massitan Koné, vendeuse de condiments. Le bras de fer continue donc et les jeunes de ce secteur du quartier sont  toujours sans activités sportives.


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