Alkalifa Coulibaly, 18 ans, est le deuxième portier de l’équipe nationale junior de football. C’est dans son quartier, à Ngomiyiranbougou, que l’actuel sociétaire des « 11 créateurs » de Niaréla a appris à taper dans le ballon. Dans cette interview accordée à Benbere, il alerte sur les dangers de la spoliation des espaces sportifs des jeunes.
Benbere : Comment êtes-vous devenu footballeur ?
C.: J’ai toujours aimé le foot, depuis tout petit. Lors des matchs inter-écoles, on me désignait régulièrement au poste de gardien de but. J’étais plutôt doué à ce poste. Et tout est parti de là.
Sur quel terrain de foot votre histoire a-t-elle commencé ?
C’est en commune III du district de Bamako que tout a commencé, plus précisément au quartier de Ngomiyiranbougou. A l’époque, je me souviens, nous avions deux terrains de foot dans le quartier. Le plus proche de notre domicile, c’était le terrain Lazerla. Issu d’une famille modeste, c’est là que je jouais.
Le terrain existe-il toujours ?
Malheureusement, nous avons été expropriés de ce terrain depuis des années. Ceux qui l’ont acheté y ont construit un lycée privé. Ils voulaient nous prendre le deuxième terrain aussi. Après une lutte sans merci, nous avons pu empêcher sa vente. Je peux dire que le terrain avait même été vendu à un particulier. Le désormais ex-propriétaire, qui avait commencé à construire, a été empêché par les jeunes du quartier. La construction a finalement été annulée.
Que pensez-vous de l’expropriation des espaces sportifs au Mali ?
Personnellement, je trouve que la vente de ces espaces ne peut pas aider les jeunes à s’épanouir. Les terrains sont plus que des espaces de jeu pour nous. Ils représentent l’espoir des jeunes démunis. Presque tous les grands noms du sport ont eu un jour à jouer sur les terrains de leurs quartiers. Priver les jeunes de ces terrains, c’est compromettre leur avenir.
Quel rôle les sportifs peuvent jouer pour freiner cette pratique ?
Tous les sportifs maliens doivent se donner la main, exprimer leur mécontentement face à cette situation. Nous devons soutenir les jeunes qui deviennent des victimes. C’est une véritable injustice. C’est un problème très complexe qui demande l’implication de tous.
Quel message adressez-vous aux autorités maliennes ?
Je voudrais demander aux élus communaux d’avoir pitié de nous, de nous laisser nos terrains. Ils se font certes de l’argent, mais cela compromet l’avenir des jeunes. A ceux qui sont contre cette pratique, je dis merci et leur demande de continuer à nous aider dans notre lutte. Cette lutte doit être une priorité.