Accusé de violences conjugales sur son ex-compagne, Sidiki Diabaté, une célébrité de la chanson malienne, est placé sous mandat de dépôt depuis le 24 septembre. Ce cas emblématique doit servir de leçon dans la croisade contre les violences faites aux femmes.
Mamasita, Mariam Sow à l’état civil, est devenue en l’espace d’une semaine aussi célèbre que son bourreau, Sidiki Diabaté, le célèbre chanteur malien de 27 ans, et véritable prodige de la kora mandingue. Il est accusé d’avoir violenté et séquestré la jeune femme de 23 ans. La superstar de la musique malienne a été a été placée sous mandat de dépôt.
Les images du corps martyrisé de Mariam Sow ont fait le tour des réseaux sociaux. Dans une image postée sur Instagram par des proches de la jeune présentée comme une « influenceuse » guinéo-malienne, on y voit des cicatrices de coups, de morsures, des cuisses et dos tuméfiés.
Aussitôt, des hashtags comme #JusticePourMamasita mais aussi la réaction immédiate des web-activistes africaines qui ont investi Facebook et Twitter pour dénoncer la violence dont Mariam Sow est la survivante, et réclamer justice pour une victime de plus.
Je suis atterrée de lire des messages culpalisant Mamasita.
Une femme n’est jamais coupable des violences qu’elle subit.
Jamais.
Le seul coupable est @Diabateba
dont nous exigeons l’arrestation et le jugement !
Halte aux violences conjugales. pic.twitter.com/eDCl3mDn0L— Halimatou Soucko (@HalimatouSoucko) September 18, 2020
Sanctions en cascade
Alors que les sanctions tombaient en cascade dans le monde musical, le nom du jeune talent a été retiré de deux prestigieuses compétitions musicales du continent : le prix international de la musique urbaine et du coupé décalé (Primud) et l’African Muzik Magazine Awards (Afrimma).
La violence conjugale est l’une des formes de violences basées sur le genre la plus répandue au Mali. Elles sont excusées et parfois même justifiées dans nos sociétés. Si Sidiki Diabaté a fait vivre des maltraitances des plus horribles à sa compagne durant 6 à 7 ans, selon certains, sans qu’aucun membre de la famille du chanteur ne vienne en aide à la jeune fille en détresse, c’est uniquement à cause du statut de souffre-douleur, d’éternel punching ball de la femme malienne, qui a pour devoir de prendre tous les coups du sexe dit « fort », sans prononcer un soupir. D’ailleurs, nombreux sont les internautes (hommes et femmes) qui trouvent des alibis aux hommes violents, culpabilisant la victime.
Sans aucune compassion pour Mamasita, beaucoup ont acculé la jeune dame d’insultes et de menaces, évoquant le non-respect des coutumes, s’indignant qu’une « vraie peulh » de la Guinée se retrouve dans une relation non célébrée.
Des coups qui amènent au cimetière
A croire que Mariam seule avait droit aux reproches, s’était mal conduite et méritait la maltraitance de plusieurs années. D’aucuns évoquent le « mougnou ni sabali » dont la propre mère de l’artiste aurait fait montre, car ayant « supporté silence les coups de Toumani Diabaté », autre grand virtuose de la kora. Son fils, lui, est presque reconnaissant d’être de cette femme qui encaissait les coups, chantant et criant à qui veut l’entendre qu’il est béni et que sa mère y est pour beaucoup.
Pourtant, il est urgent que les femmes maliennes arrêtent de prendre ces coups, qui parfois les amènent au cimetière. Il est important que les femmes maliennes dénoncent ces tortionnaires déguisés en époux pour permettre à la justice d’intervenir et de les protéger de leurs bourreaux.
Une loi sur les VBG
Que ce soit au Mali ou en Guinée ou encore dans un autre pays de l’Afrique de l’Ouest, l’appareil social met les hommes sur un piédestal, créant des tout-puissants qui peuvent fuir leur responsabilité et même transformer leurs femmes en souffre-douleur avec la défaillance des institutions censées protéger les milliers de Mariam Sow.
Les violences conjugales commencent dès la première nuit du mariage, avec cette coutume du « konoboli ché », 4 poulets qui sont préparés avec des feuilles ayant les propriétés de provoquer la diarrhée à la jeune mariée et l’affaiblir, rendant le viol plus facile si jamais l’idée de se refuser à son tout nouveau mari lui passait par la tête.
Pourtant, les Maliennes étaient parmi les pionnières de la défense des droits des femmes. Ce, dès les premiers jours de l’indépendance de ce pays qui fut le premier de l’Afrique de l’Ouest à adopter un Code de la famille en 1962. Une loi sur les VBG serait l’arme fatale contre ces violences conjugales qui font des victimes féminines dans la majorité des cas. Elle permettrait de mettre fin à ces violences basées sur le genre comme l’excision, qui ont des conséquences sur la vie des femmes.