Les violences à l’égard des femmes et des filles ont augmenté au Mali. La pandémie coronavirus a contribué à une montée en flèche des cas de VBG dans un contexte économique précaire.
Les violences conjugales à l’égard des femmes ont augmenté au Mali pendant la crise sanitaire liée au coronavirus. D’un taux de prévalence de 43,86% avant la pandémie, elles ont atteint 53,98% selon le dernier rapport de Justice and Dignity for the Women of Sahel (JDWS), une ONG dédiée à la protection des droits des femmes dans l’espace sahélien.
De janvier à mars 2020, 725 cas de violences basées sur le genre (VBG) sont rapportés par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA). Pour le seul mois de mars 2020, selon l’agence onusienne, 304 cas de violences ont été signalés. Avec un nombre important de violences sexuelles (25%) dont 15% de viols et 10% d’agressions sexuelles.
Effondrement des AGR
En effet, la violence basée sur le genre était légion au Mali, bien avant l’irruption de la Covid-19, qui a notamment accentué l’exposition des femmes. Les mesures restrictives ont impacté les revenus des femmes au Mali, dont la plupart évoluent dans le secteur informel. Qui plus est, 67% d’entre elles sont dans l’incapacité financière. Cette perte d’autonomisation sur le plan financier a exacerbé leur dépendance, en les confinant avec des partenaires parfois violents et en proie à des difficultés économiques.
Par ailleurs, d’après la même étude de l’UNFPA, l’impact de la Covid19 sur les survivantes de VBG pourrait être néfaste à cause du risque d’effondrement des activités génératrices de revenus ( AGR) et sans leur insertion dans les entreprises. Aussi, la pandémie pourrait avoir des effets négatifs sur la prise en charge et l’offre de services appropriés.
Envisager des mesures économiques
Cette nouvelle donne est un facteur de vulnérabilité pour les filles, notamment à cause de la fermeture des écoles. « La fermeture des écoles, créant l’oisiveté des enfants, favoriserait le mariage d’enfant (l’école peut constituer un prétexte pour certaines mamans pour préserver les filles du mariage) », notent des experts interrogés par l’UNFPA. Ils estiment aussi que la fermeture des lieux propices à la prostitution risquent d’orienter certains hommes vers les filles dans leur environnement immédiat.
Les ONG dédiées à la promotion des droits des femmes exhortent les autorités maliennes au renforcement des mécanismes de prise en charge des VBG en période de crise. JDWS préconise par exemple le modèle marocain de prise en charge, mis en œuvre pendant la crise sanitaire : la mise en place d’un numéro vert, l’organisation de visites inopinées entre autres pour limiter des cas de violences durant l’épidémie.
Le pic de l’épidémie semble avoir été dépassé au Mali, mais les facteurs de risque de violences à l’égard des femmes demeurent toujours. Cela est dû essentiellement à l’impact économique du virus sur les ménages vivant, pour la plupart, de l’informel. En plus d’une réponse sanitaire adéquate, les décideurs doivent également envisager des mesures économiques à l’endroit des femmes et filles susceptibles d’être cibles des violences.