Côte d’Ivoire : « bizi », la prostitution 2.0
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Côte d’Ivoire : « bizi », la prostitution 2.0

En Côte d’Ivoire, Telegram ravit la vedette à Facebook et WhatsApp. L’application de messagerie est de plus en plus sollicitée par les professionnelles du sexe. Les groupes de « bizi (prostitution) » pullulent sur les réseaux sociaux.

Avec la percée de Facebook et WhatsApp, on assiste aujourd’hui à la digitalisation de la prostitution, car ces deux applications sont de véritables canaux de mise en relation. Mais, toujours est-il qu’elles présentent beaucoup d’insuffisances sur le plan confidentiel. C’est ce qui a poussé certains utilisateurs à migrer sur l’application Telegram, jugée plus sécurisée, rapide et flexible.

Ainsi donc, on a constaté une ruée des filles de joie vers Telegram pour plus de confidentialité, car appartenant à plusieurs groupes de prostitution appelés « groupes de bizi ». Elles ont la possibilité d’offrir leurs services à plus d’un millier de clients, qui appartiennent également à ce groupe. Le tout sous la houlette d’un administrateur qui, en réalité, est un proxénète appelé « manager » par les initiés.

« Placement sécurisé »

Shela, 20 ans, étudiante en droit à l’Université Félix Houphouët-Boigny, qui veut coûte que coûte obtenir son doctorat, dit « avoir trouvé un moyen sûr pour le financement de ses études ». « J’appartiens à un groupe de bizi [prostitution] sur Telegram.  Là-bas, nos identités sont masquées. Même nos numéros sont difficiles à avoir, car il faut passer par notre manager [administrateur du groupe] pour entrer en contact avec nous. Et ça marche très bien », s’enthousiasme-t-elle.

Appartenir à un groupe de prostitution sur Telegram n’est pas chose facile, car il faut d’abord passer par le canal d’un proxénète. Un « placement sécurisé » qui garantisse la confidentialité.

Anne-Marie, 22 ans, coiffeuse de profession, raconte comment elle a intégré son groupe : « C’est sur Facebook que j’ai vu le lien d’un groupe de bizi sur Telegram et ça m’a intéressé, puisque je cherchais un moyen de faire ce business en secret. C’est donc comme ça que j’ai cliqué et suis tombée sur le compte de l’administrateur, qui m’a expliqué les conditions pour intégrer son groupe et proposer mes services. La condition était de payer la somme de 10.000 F. J’ai intégré, depuis je déborde de clients ».

Nous avons aussi approché Franck, administrateur d’un groupe Telegram qui nous a expliqué les conditions pour adhérer à son groupe : « Une photo entière et sexy de la fille, et elle s’acquitte de la somme de 5 000 francs CFA si elle est retenue pour l’intégration. »

Discrétion et sécurité

À la question de savoir quels sont les véritables avantages de cette application pour ce business, Franck ajoute que « sur Telegram, les filles sont protégées car leur numéro de téléphone peut être masqué selon la configuration, et pour les joindre il faut obligatoirement passer par l’application. »

Telegram présente de nombreux avantages, surtout en termes de confidentialité et sécurité selon le site ALLSMM.

« Pour moi, c’est plus discret de solliciter des services sexuels sur Telegram. Je n’ai plus à parcourir les trottoirs pour satisfaire mes besoins. Depuis mon domicile, je passe ma commande en toute sécurité sans que mon contact téléphonique ne soit visible. Et j’ai aussi la possibilité de faire une programmation de sorte que mes conversations avec les filles ne soient plus visibles dans un certain délai », confesse un client appartenant à un groupe Telegram.

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