Ma vie d’étudiante à Bamako (II) : « Mon tuteur continuait à me harceler »
Iwaria
article comment count is: 1

Ma vie d’étudiante à Bamako (II) : « Mon tuteur continuait à me harceler »

Après avoir été victime de viol de la part de son tuteur, Korika, la jeune étudiante, a décidé de s’en aller et d’habiter avec une amie sur le campus où elle restera jusqu’à la fin de son cursus universitaire.

« La vie paradisiaque dont je rêvais après l’obtention de mon baccalauréat, s’était subitement transformée en enfer. Après avoir alerté mes parents, ces derniers ne m’ont jamais cru. Par conséquent, les choses allaient de mal en pis. J’avais du mal à croire ce que je vivais. Je ne voyais ça que dans des séries télévisées et ne lisais que dans certains livres.

« La dignité de la femme se trouve aussi entre ses jambes », aime-t-on à dire ici et j’y crois. Je me sentais comme dépourvue de toute dignité. J’avais du mal à lever la tête dans cette famille. Pourtant, mon tuteur s’en foutait comme de l’an 40. Je ne pouvais pas me confier à ma marâtre, parce qu’en réalité elle était contre ma présence dans la famille. Je me retranchais dans la chambre pour pleurer et m’en remettre à Dieu.

Comme l’écrit Mariama Bâ, « la confidence noie la douleur ». Alors, j’ai donc pris la force de vaincre ma timidité. Ma seconde confidente a été une étudiante. Elle aussi était venue de Mopti, comme moi. Ainsi, elle m’a demandé de faire mes valises et de la rejoindre sur le campus. Ce projet d’aller vivre sur le campus ne plaisait pas à mes parents. Ils avaient une idée des violences y sont fréquentes et ne me voyaient pas assez mûre pour vivre seule. Pourtant, ils avaient ignoré que j’étais assez mure pour être violée par un homme. J’avais 18 ans à l’époque, j’avais une idée de ma présence dans la capitale : étudier pour construire ma vie.

Un brusque départ

Après la première violence sexuelle, mon oncle continuait à me harceler. Il voyait en moi cette source à laquelle il pouvait s’abreuver autant qu’il voudra. Je passais des nuits à faire face à ma triste réalité : aide-ménagère et esclave sexuelle. Je ne connaissais personne à Bamako à part cette famille et certains camarades de la faculté dont Sara. On était proches elle et moi. Cette gifle que la vie m’avait infligée avait eu une répercussion sur mes notes à l’examen. Bref, je tournais en rond.

J’ai décidé de ne plus être cette enfant bénie assujettie à des violences, même sexuelles. Un jour, je convoquai une réunion de famille pour leur faire part de ma décision de partir vivre sur le campus. La marâtre a fait semblant de demander la raison, j’ai répondu que c’était pour des raisons personnelles. Elle ne s’y est donc pas opposée. Le lendemain, j’ai pris mes bagages pour rejoindre mon amie sur le campus. »


Vous pouvez relire sur Benbere :

Ma vie d’étudiante à Bamako (I) : « Mon tuteur m’a violée »

Partagez-nous votre opinion

Les commentaires récents (1)