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FAMa-Barkhane : malaise ou rupture consommée ?

Pour notre blogueur Ghost Writer, un malaise s’installe entre les Forces armées maliennes (FAMa) et la force française Barkhane.

Après les rumeurs autour du jeu sombre de la France au Mali,  les manifestations contre les forces internationales et les déclarations accusatrices de certains leaders d’opinion, il semble que le malaise entre les forces armées maliennes et la force française s’installe progressivement. Trois événements majeurs confirment l’existence d’une profonde discorde et l’armée malienne commence à montrer ouvertement son désaccord avec le partenaire français.

Visite de Parly en solo

Depuis le 4 novembre, Florence Parly, la ministre française des armées, avait entrepris une mini-tournée au Sahel. Elle s’est rendue au Tchad, au Burkina et au Mali. Dans les deux premiers, elle a rencontré ses homologues de la défense. Au Mali, tel n’a pas été le cas. Cela peut paraître anodin, mais l’absence de son homologue malien, Ibrahima Dahirou Dembélé, avec qui j’ai appris qu’elle a parlé au téléphone, exprime bien quelque chose à mon avis, même si la ministre a rencontré le président de la République.

Il est d’usage protocolaire et opérationnel qu’elle soit accueilli par son homologue pour plusieurs raisons. On serait bien tenté d’interpréter cette absence comme l’expression d’un agacement et le ministre malien préférerait aller sur le terrain que de participer à une énième visite stérile d’un officiel français venu prononcer le même sermon depuis 2013.

Méfiance

Il semblerait que la collaboration franco-malienne décrite comme bonne publiquement, par les politiques, souffre en profondeur de méfiance. Tout n’est plus rose sur le terrain, l’époque et l’enthousiasme de Serval sont révolus. Une source sécuritaire malienne anonyme, intervenant à propos de  l’attaque d’Indelimane, aurait indiqué à RFI qu’il y a « la difficulté récurrente pour les FAMa de se fier à des renseignements communiqués par des sources amies ».

Voilà qui est dit : les forces armées maliennes ne font plus confiance aux informations fournies par les forces amies, donc à l’opération française. En conclusion : ce qui est dit haut par certains sur les réseaux sociaux est pensé tout bas dans les casernes.

Des forces « inefficaces »

Dans un article publié sur le site du journal suisse Le Temps, l’officier supérieur malien de l‘armée se lâche comme jamais. Elle traite la présence des forces internationales d’« inefficace ». Jamais un haut gradé en service ne s’est ouvertement prononcé sur cette question de façon crue. Le Colonel-major Nema Sagara va plus  loin et confie même que, malgré l’appel des forces maliennes, « l’aviation française n’est pas venue ». Des propos qu’elle a démenti quelques heures plus tard : « J’informe l’opinion nationale et internationale que les propos rapportés ne viennent pas de moi. En mon rang et grade militaire, mon devoir de réserve et mon engagement patriotique est et restera intacte. »

A la lumières des détails mentionnés ci-haut, il se trouve que les attaques récentes, en plus du lourd bilan humain et matériel, ont occasionné également une fissure des solides liens franco-maliens. Sans doute d’ailleurs est-ce l’un des objectifs poursuivis par les djihadistes en prenant une nouvelle fois directement pour cible les FAMa. Si pour les politiques, le gouvernement, tout est au beau fixe, la grande muette quant à elle voit les choses autrement. Ces derniers agissements auront-ils d’autres impacts ? Ou encore permettront-ils une réorientation opérationnelle de Barkhane ? Seuls les prochains jours nous le diront. En attendant, l’armée malienne a beaucoup de mal à contenir son agacement face à nos amis français, la situation aidant.

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