Mali : un appui en formation pour la participation politique des femmes en situation de handicap
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Mali : un appui en formation pour la participation politique des femmes en situation de handicap

Les femmes en situation de handicap sont peu visibles sur la scène politique au Mali. Divers obstacles les empêchent de devenir de vraies actrices politiques participant à l’animation de la vie politique. Il est nécessaire de leur fournir un appui en formation politique.

Bien qu’elles aient le droit de participer à la vie politique du pays, les femmes en situation de handicap constituent une couche des moins visibles dans le milieu politique. Que ce soit comme électrices lors des scrutins ou actrices politiques dans les instances dirigeantes des partis politiques ou au sein des institutions publiques.

La politique étant l’affaire de tous, chaque voix doit compter dans la construction du pays. Mais l’absence d’un environnement inclusif compromet toujours les chances des personnes handicapées, en général, d’avoir accès à une meilleure qualité d’éducation et un cursus scolaire complet. Cette difficulté les éloigne des opportunités de pouvoir saisir les mécanismes politiques et figurer parmi les décideurs et les personnalités actives de leurs communautés.

Le statut social précaire des femmes handicapées a fini par conditionner leur statut politique. Elles sont moins présentes là où se débattent les questions d’intérêt public. Mais cela doit changer. Il faut travailler à faire intéresser les femmes handicapées à la politique, en leur permettant d’apprendre de l’Etat, de son mode de fonctionnement et de ses institutions. Les Maliens doivent s’atteler à la construction d’un pays où tous les citoyens ont accès au même niveau d’information politique et peuvent, conséquemment, faire valoir leurs idées avisées sur la scène publique. Cela passe par l’éducation politique.

Bénéfices de la formation politique

« Une population instruite avec une forte culture politique est un atout de taille pour faire fonctionner la démocratie. Le Mali a opté pour un système politique que la grande majorité de la population ne comprend pas. Une minorité dirige avec le pouvoir de faire ce qu’elle veut du pays sous le regard profane des gouvernés. Cela peut se faire difficilement dans un pays où les citoyens sont plus avertis de ce qui se passe », déplore Mamadou Togo, acteur politique, président de la jeunesse d’Alliance pour la république (APR) de Banankabougou (en commune VI du district de Bamako). Pour lui, chaque couche de la population a un plus à apporter dans la construction du pays. Le Mali gagnera beaucoup à favoriser l’équité et la diversité dans la représentation politique. Chaque citoyen se sentira ainsi considéré et pourrait voir ses besoins spécifiques pris en compte.

La formation politique est à même de permettre aux femmes en situation de handicap d’acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour comprendre les enjeux politiques, participer aux débats publics, exercer leur droit de vote et s’engager dans des actions de plaidoyer en faveur de leurs droits et besoins spécifiques.  Elle peut les aider à  devenir plus confiantes en elles et compétentes dans leur engagement politique. Bintou Keïta est une jeune étudiante que nous avons rencontrée à la cité universitaire de Kabala. Elle est handicapée physique. Grâce à un projet soutenu par une ONG de la place visant l’inclusion politique des personnes handicapées, elle a eu la chance de suivre une formation politique de plusieurs semaines. Elle est en bonne phase actuellement pour devenir membre d’un parti politique.

Moyens conséquents

Offrir une formation politique aux femmes en situation de handicap ne va pas se faire sans engager des moyens conséquents. « Il faut mettre en place des programmes de formation adaptés aux besoins spécifiques des femmes en situation de handicap, ajoute M. Togo. Cela peut inclure la sensibilisation aux droits politiques, à l’égalité des sexes, à la citoyenneté et à la participation politique, ainsi que la formation sur les compétences politiques, telles que la prise de parole en public, la gestion des campagnes électorales et la participation aux processus politiques. Ces programmes doivent être accessibles, inclusifs et adaptés aux différents types de handicap. » Pour lui, cela peut inclure la fourniture de supports de formation accessibles, tels que des documents en braille, des traductions en langues des signes ou des formats adaptés pour les personnes atteintes des troubles de vision ou de l’ouïe.

Il faut, dira M. Togo, une synergie d’actions entre différents acteurs pouvant intervenir dans la facilitation de la formation : « Les partis politiques à qui sont dévolus, en priorité, la mission d’assurer la formation politique des citoyens, doivent se donner les moyens de fournir une formation politique adaptée à leurs militants en situation de handicap. Ils peuvent être soutenus dans ce geste par les structures gouvernementales, les organisations de la société civile à travers le soutien au financement de projets de formation et les organisations des femmes handicapées. »

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