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Mali : le changement, ce n’est pas maintenant !

 Ce 29 juillet, les Maliens étaient fiers de participer au premier tour de l’élection présidentielle. Tout le monde était mobilisé pour voter ou veiller au bon déroulement du vote, sur terrain ou sur les réseaux sociaux. Cette excitation montre que les Maliens ont vraiment besoin du changement.  Mais peu importe le président qui sera élu, le changement tant souhaité ne sera pas aussi radical que beaucoup de Maliens le souhaitent, écrit le blogueur Jean-Marie Ntahimpera.

Il y a au moins trois raisons pour lesquelles beaucoup de choses ne changeront pas, peu importe le président qui sera élu :

  1. Le président élu devra diriger par consensus

D’après les sondages (dont la fiabilité reste aléatoire), aucun candidat ne gagnera au premier tour, ce qui signifie, que le vainqueur, quel qu’il soit, devra mettre en place un gouvernement de coalition avec les « petits candidats » qui l’auront soutenu pour qu’il gagne au second tour. Donc peu importe le vainqueur, il dirigera par consensus.

Et qui dit consensus dit que le gouvernement élu ne pourra pas faire tout ce qu’il a promis dans son programme. Il ne mettra en œuvre que les points avec lesquels il sera d’accord avec ses alliés. N’importe quel vainqueur décevra donc, d’une façon ou d’une autre, ceux qui l’auront élu.

  1. L’accord pour la paix inapplicable

L’un des principaux chantiers sur lesquels le président élu sera attendu est  l’application de l’accord pour la paix. Or cet accord ne fait pas l’unanimité, parce que beaucoup d’observateurs et d’acteurs pensent qu’il donne beaucoup aux groupes armés.

Le président élu aura donc du mal à l’appliquer. Ou bien il devra le renégocier, ce qui peut prendre beaucoup de temps. Et si rien ne change, les groupes armés signataires seront tentés de reprendre la guerre, ce qui empirera la situation sécuritaire déjà précaire.

  1. Le poids de la communauté internationale

Le Mali est devenu trop dépendant de la communauté internationale depuis 2012, quand des forces étrangères ont dû intervenir pour empêcher que les djihadistes de marcher sur Bamako. Depuis, Barkhane, MINUSMA, G5 Sahel et d’autres acteurs internationaux ont leur mot à dire sur la façon de gérer la sécurité du pays.

La bonne volonté du président élu ne sera pas donc suffisante pour ramener la paix dans le pays ou lutter contre la pauvreté. Il faudra écouter aussi ces acteurs étrangers, qui font sans doute un travail formidable pour aider le Mali, mais qui peuvent aussi avoir des intérêts ou des objectifs différents de ceux du gouvernement et du peuple malien.

Que faire alors ?

Pour que les choses changent vraiment, il faudra une mobilisation citoyenne permanente pour rappeler au nouveau président ses responsabilités. Il faudra que la voix des Maliens soit plus forte que celle de tous les autres acteurs. Après le vote, le combat pour le « changement » ne fera que commencer.

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