Dans les partis politiques, des leaders se heurtent à un manque de repères et de formation idéologique. C’est ce qui fait perdurer le nomadisme politique.
Aujourd’hui, nous assistons à une floraison des partis politiques. On en compte plus de 200. Ils ont tous pour objectif la conquête et la gestion du pouvoir. Beaucoup de jeunes se politisent de plus en plus. Mais la plupart manquent de formation et de repères.
Constituant la majorité des militants au sein des partis, les jeunes sont mobilisés juste à l’approche des joutes électorales ou lors des mouvements de contestation du pouvoir en place. Cela concerne même les plus diplômés, qui n’ont généralement pas connaissance des idéologies politiques structurant et motivant l’existence les partis auxquels ils sont affiliés. Ces derniers ne priorisent pas la formation idéologique de leur jeunesse.
Depuis une décennie, l’espace politique local est marqué par la présence d’une élite vieillissante, qui voit les jeunes comme des adversaires dans le renouvellement du personnel politique. C’est ce qui explique le refus de former les jeunes. La formation idéologique est pourtant une étape déterminante dans l’éducation civique d’un citoyen.
Manque de moyens
Les organisations politiques concurrentes au Mali n’accordent pas d’intérêt réel à la formation des jeunes, alors que c’est le point de rapprochement entre les partis et les militants. Ainsi, beaucoup se disent être chargés de formation de la jeunesse au sein des partis sans résultats concrets.
« Notre parti, depuis sa création, a placé la formation de la jeunesse au centre de son combat dans la conquête du pouvoir. La jeunesse du parti reçoit chaque deux ans une formation modulaire, mais elle ne concerne qu’un effectif réduit car nous n’avons pas les moyens de l’étendre à un grand nombre », explique M. Diallo, chargé de formation au sein d’un parti politique. Avant d’ajouter : « Nous considérons que la conviction partisane suggère une formation idéologique préalable susceptible de faire valoir l’idéologie qui fonde notre existence dans l’arène politique. Il n’y a pas de compétition entre anciens et cadets chez nous, notre combat est la synergie intergénérationnelle ».
Imposer aux partis la formation des jeunes
Au Mali, la politique suscite l’intérêt dans une perspective électorale et non pour des considérations d’ordre idéologique prenant en compte la formation des jeunes. C’est pourquoi, même parmi les militants convaincus de leur affiliation à un parti, le rôle de la jeunesse se limite à une position subsidiaire ou complémentaire. Cette situation tranche avec les acquis démocratiques au Mali.
En effet, sur la base de leurs performances électorales, les partis reçoivent une aide publique de l’État destinée à la formation politique et citoyenne de leurs militants. Cela vise à inclure les jeunes dans le jeu politique en vue de permettre un équilibre. Nombreux sont les jeunes des partis politiques n’ayant jamais reçu de formation idéologique.
« Cela fait plus de cinq ans que je milite dans mon parti, je n’ai jamais bénéficié d’une formation, déplore Samba, militant. Ce qui revient fréquemment dans nos débats avec les anciens, c’est comment attirer d’autres à intégrer le parti. Je ne savais pas que les leaders reçoivent un fonds consacré à la formation des jeunes ».
A l’heure où la question de la refondation de l’État cristallise le débat public, il convient d’imposer aux partis politiques la formation idéologique des jeunes militants. Cette solution permettra de prévenir le « nomadisme politique ».