Transition : privilégier le dialogue politique
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Transition : privilégier le dialogue politique

Reste-t-il encore grand-chose du cadre de concertation initié entre le gouvernement, les partis politiques et la société civile, mis en place depuis la première séquence de la transition pour permettre le dialogue ?

Une transition est censée être inclusive, consensuelle. Ainsi, la place des acteurs politiques demeure prépondérante sur certains sujets d’ordre politique. C’est pourquoi, dès l’instauration de la transition malienne en septembre 2020, les nouvelles autorités ont initié un cadre de concertation nationale entre le gouvernement, à travers le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, les partis politiques et la société civile. Celui-ci a pour objectif de maintenir le dialogue sur des questions d’intérêt public, notamment la gestion et l’organisation des élections.

Depuis sa mise en place, ce cadre de concertation nationale a été maintes fois décrié par certains acteurs au sein la classe politique malienne. Certaines des décisions du gouvernement sur les questions politiques ont été jugées « unilatérales » et « non consensuelles » par des membres.

« Un léger report »

Notamment la décision des autorités concernant le « léger report » de l’élection présidentielle. Initialement prévue en février 2024, le gouvernement a pris la décision de repousser la date du scrutin présidentiel en évoquant des « raisons techniques » liées, entre autres, à l’adoption d’une nouvelle Constitution et la révision des listes électorales.

Dans son communiqué, le gouvernement de transition s’est engagé à n’organiser exclusivement que le scrutin présidentiel pour sortir de la transition. Alors que dans le chronogramme présenté à la fin du deuxième trimestre de 2022, figurait d’autres scrutins qui seront désormais organisés « sous les directives du nouveau président de la République », a affirmé le gouvernement, sans préciser une date pour l’échéance présidentielle.

Pourtant, début août, avant l’annonce du report de l’élection présidentielle, le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation avait convié les acteurs politiques à une réunion du cadre au Centre de formation des collectivités territoriales. Le but de cette réunion était de « convenir de façon consensuelle à un réajustement du chronogramme des élections ». Le colonel Abdoulaye Maiga, porte-parole du gouvernement, a évoqué les raisons du décalage du calendrier des élections.

Sur 291 partis politiques maliens, il ressort que 81 ont fait des propositions. Certains exhortaient les autorités à organiser les échéances électorales conformément au chronogramme adopté en juin 2022, d’autres estimaient d’attendre que les conditions soient réunies. Le gouvernement semble avoir tiré sa conclusion en communiquant sur un « léger report » de l’élection présidentielle, fin septembre.

Certaines organisations politiques se sont plaintes de la démarche du gouvernement sur des sujets politiques, notamment la publication du chronogramme initial du referendum et des élections générales, en avril 2021. Ce même scénario s’est passé en novembre 2021, après l’adoption de la loi électorale. Le Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour une transition réussie au Mali avait dénoncé, à l’époque, la « non prise en compte des préoccupations justes de la classe politique ».

Efforts pour fédérer

Récemment, plusieurs partis politiques ont manifesté leur désapprobation de cette décision des autorités de reporter le scrutin présidentiel. C’est le cas de la Ligue démocratique pour le changement (LDC) de Moussa Sinko Coulibaly, qui a manifesté sa « grosse déception » dans un communiqué publié le 26 septembre. Elle « désapprouve et condamne sans équivoque cette tentative de prise en otage de la démocratie malienne ». Le parti Yelema avait indiqué que le report n’a fait l’objet d’aucun échange.

La Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS) avait, pour sa part, indiqué ne plus « reconnaitre les autorités de la transition » à partir du 18 février 2024. Elle avait même annoncé son intention de battre le pavé le 13 octobre dernier, avant un report. Dans sa note d’information, elle a pris acte et condamné cette décision unilatérale des autorités de la transition qui « renvoie de facto à une autre prorogation de la transition ».

En fin de compte, le cadre de dialogue n’est pas totalement brisé entre les parties prenantes. En outre, le gouvernement de la transition doit multiplier les efforts afin de fédérer autour de lui les acteurs politiques, pour dégager des lignes favorables pour l’organisation des élections. Pour que ce cadre de concertation tienne, il urge de privilégier les consultations politiques pour aboutir à une décision consensuelle, inclusive et participative.

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