Crise sociopolitique, insécurité grandissante sur l’ensemble du territoire, scandales et fermeture des écoles pendant plus de quatre mois sont, pour le blogueur Issa Ongoïba, les raisons pour lesquels le premier ministre Boubou Cissé doit rendre le tablier.
Nommé à la tête du sixième gouvernement du président Ibrahim Boubacar Keita, le 22 avril 2019, puis reconduit le 11 juin 2020, Boubou Cissé n’a jamais fait sa déclaration de politique générale, comme le recommande l’article 78 de notre Constitution.
Depuis sa nomination, les scandales se sont multipliés, la situation sécuritaire va de mal en pis. Toutes les régions du pays sont désormais classées zone rouge, interdites aux déplacements par le ministère français des Affaires étrangères, sauf Bamako et une partie de la région de Kayes qui restent en zone orange.
Lourd tribut
Dans le centre, ses efforts n’ont pour le moment pas contribué à apaiser les tensions. Au contraire, nombre de personnes ont été tuées, notamment à Ogosagou, Djongue Ouoro, Dibi, Sobane-Da, Gouari, entre autres. Ces villages ont enregistré plus 200 morts depuis l’arrivée de Boubou Cissé à la primature. Les militaires aussi ont payé un lourd tribut : les attaques des camps de Boulkeissi, Mondoro, Sokolo et Dioura ont fait près de 100 victimes.
Chargé de conduire les négociations avec les syndicats d’enseignants, le bras de fer avec les enseignants a fait perdre aux élèves près de 6 mois de cours. Les enseignants ont même annoncé un débrayage, qui prend effet à compter du lundi 17 août, pour dénoncer le non-respect de l’article 39 leur conférant les mêmes avantages que d’autres fonctionnaires. Après un accord trouvé en juillet dernier, les syndicats se sentent trahis aujourd’hui.
Majorité et opposition demandent sa tête
Le premier ministre est désormais désavoué, à la fois par le camp présidentiel et les opposants, notamment ceux du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Le Rassemblement pour le Mali (RPM), le parti du président Ibrahim Boubacar Keïta et la Convergence pour le développement du Mali (CODEM) ne souhaitent plus le maintien de l’actuel chef de gouvernement.
Dans un mémorandum adressé au président « IBK », le 25 juillet dernier, le RPM revendique sans équivoque le poste de Boubou Cissé. Le parti au pouvoir réclame « son statut de parti majoritaire pour la formation du futur gouvernement d’union nationale conformément aux recommandations et résolutions du Dialogue national inclusif ».
Être une solution à la crise
Mahmoud Dicko, l’influent imam qui avait soutenu sa nomination, demande aujourd’hui son départ : « Je lui ai dit de démissionner s’il veut qu’une solution soit trouvée à cette crise. Je lui ai dit d’aller remettre sa démission à son père (Ibrahim Boubacar Keïta), tout en lui disant qu’il peut être une solution pour la crise malienne et non un problème ».
En résumé, il est temps que Boubou Cissé cesse d’être un problème pour le Mali. Il doit en être la solution en démissionnant de lui-même. À mon avis, les recommandations de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest ), issues du sommet extraordinaire du 27 juillet dernier, en demandant la formation d’un gouvernement d’union nationale, sous-entend la démission de l’actuel chef de l’exécutif malien, sans l’exprimer ouvertement.
- Les opinions exprimées dans cet article ne sont pas forcément celles de Benbere.