Le Mali s’apprête à célébrer la fête de Tabaski ou l’Aïd el Kebir dans un contexte chargé de défis. La solennité du moment devrait susciter des espoirs en vue de la normalisation de la situation. Le Mali a besoin du sacrifice de ses enfants.
Ce vendredi 31 juillet 2020, le Mali commémore l’Aïd el Kebir, la plus importante fête du calendrier hégirien. Je formule le vœu que ce moment de communion et de partage adoucisse les cœurs, fasse converger les esprits vers une sortie de la crise sociopolitique agitant le pays depuis des semaines.
La Tabaski, encore appelée « fête du mouton » dans nombre de pays au sud du Sahara, intervient dans une période difficile au Mali. Outre l’impact économique du coronavirus, le pays traverse une crise sociopolitique caractérisée par la contestation menée par le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Une large coalition d’acteurs politiques et de la société civile, dont certains issus de milieux religieux, battent le pavé depuis deux mois pour réclamer la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Rejet de la feuille de route
Un bras de fer oppose le pouvoir du président Keïta et les contestataires. En dépit des nombreuses médiations internes, sous-régionales et internationales, le statuquo perdure. A l’issue de son sommet extraordinaire du 27 juillet sur le Mali, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a proposé une feuille de route contraignante de sortie de crise. Elle a été illico presto rejetée par le mouvement de contestation, qui appelle à la démission du président.
Par ailleurs, des manifestations émaillées de violences contre le régime en place avaient déjà endeuillé le Mali, début juillet. Pour éviter d’en rajouter à un tableau déjà peu reluisant, les protagonistes de la crise en cours devraient au moins parvenir à un accord minimal pour préserver les maigres acquis. Un durcissement des rapports de force pourrait être préjudiciable aux aplombs dans la stabilisation globale de l’État malien.
Instant solennel
Puisse la « baraka » de la fête guider vers un dénouement heureux de cette crise. Et qu’une addition de compromis soit trouvée avec la fin annoncée de la trêve. L’instant est solennel. Le discours du chef de l’État à cette occasion est tant attendu. Il doit délivrer le peuple malien des incertitudes du lendemain. Et appeler à l’union autour des défis actuels.
Notre élogieuse histoire, alternant des vaillants empires, nous offre les ressorts nécessaires pour un sursaut. Pour la communauté musulmane du Mali (95% de la population) , l’Aïd el kebir est une fête du sacrifice. Plus que jamais, le Mali a besoin du sacrifice de ses enfants pour se hisser au firmament des nations libres et prospères. C’est une occasion à ne pas manquer pour l’apaisement du climat politique particulièrement tendu. Il faut trouver une alternative à l’impasse actuelle, qui pourrait être un germe de déstabilisation.